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orlando de rudder
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12 octobre 2005

recette pour trouver le prince charmant

Recette infaillible pour trouver le Prince Charmant à l’usage des femmes seules, mais pas très futées. Ce dont elle rêvait, c’était d’une grande et belle histoire d’amour. Faux, se dit-elle, ce dont tu rêves pour le moment, c’est simplement de t’envoyer en l’air. Lalie Walker, Pour Toutes les fois. Jean-Claude Kaufmann présente des femmes seules. Elles sont malheureuses. Certaines dévoilent leur égoïsme négatif, leur non reconnaissance de l’autre suinte à chaque page. C’est répugnant. Il est absolument légitime de vivre seul. Certains y ont conquis des destins fabuleux. D’autres ont coulé des jours harmonieux. Mais celles qui s’expriment dans cet ouvrage vont de dénégation en dénégation, et nous font découvrir un masochisme tenace produisant des bénéfices secondaires miteux: « Les hommes sont moches » dit l’une d’entre elles, « ayant reçu une éducation religieuse » (ben voyons!), après avoir dégoisé quelques banalités affligeantes qui ne donnent pas envie de la connaître. Sempiternel discours de ceux qui n’aiment pas les autres! Et discours sexiste s’il en fût ! Qu’on garde en mémoire cette définition du Dictionnaire du Diable d’Ambrose Bierce: Seul, adj. masc.: En mauvaise compagnie. Le Prince Charmant leur préférera toujours une femme mariée qui ne lui imposera pas ses problèmes! Ils ne se rencontreront que pour le plaisir et, s’ils sont malins, aimeront leur petit jeu de cache-cache. Avec la garantie de ne pas se voir « mettre le grappin dessus »! Cette situation représente le seul moyen, pour un homme, d’accepter une « femme à scène », à condition qu’elle les réserve à son mari. Comment trouver le Prince Charmant? rien de plus simple: la femme seule n’a qu’à épouser un crétin quelconque. Premier bénéfice: elle aura, dès lors, de bonnes raisons de se plaindre. Car, c’est une loi: pour rencontrer le Prince Charmant, il faut éprouver un vrai malheur, un vrai danger, et non pas se ronger les ongles jusqu’aux coudes en pleurnichant d’une tristesse intime, qui vient de soi-même et qu’on cultive comme un bonsaï rabougri… La femme seule n’a pas toujours sous la main de dragon prêt à la dévorer. Ni de marâtre pour lui offrir une pomme empoisonnée. Pas plus que d’infâme brigand pour la lier sur la voie ferrée tandis quelle se récite mentalement le Chaix pour savoir si Zorro aura le temps d’arriver avant le T.E.R. de treize heures vingt deux . Il faut bien se rabattre sur un dragon accessible pour attirer l’homme de vos rêves: Quoi de plus moche qu’un mari médiocre? Prenez en un très tarte qui vous montera dessus en 5mn.3sec. parce qu’il y a le foot à la télé et croira sincèrement que clitoris est le nom d’une station balnéaire de l’Adriatique. Autant le choisir riche. Ainsi pourra t-elle entretenir un pauvre Prince, artiste bohème, si elle aime le genre mal rasé. Ainsi jouira t-elle d’un pouvoir. Les délicieuses souffrances ont toutefois leurs limites. Il serait abusif de choisir un époux brutal. Elle en est capable, la femme seule au Bois Dormant! Pourtant elle sait comment sont les hommes: Elle lit la presse féminine, tout en chipotant ses bifidus actif, après avoir giflé son grand fils (si elle en a un) parce qu’après avoir cassé la chaîne hi-fi, le gaillard se masturbait sur sa lingerie . Ca fait des taches difficile à ravoir … Alors, méfiance!: l’amant n’a peut-être pas envie de coucher avec une femme arborant un oeil au beurre noir, fût-ce dans un hôtel borgne Il ne reste plus qu’à choisir un Prince Charmant quelconque. Lequel se montrera charmant plus longtemps que dans toute autre situation. Il correspondra plus durablement aux projections, à un idéal de midinette. Parce que elle ne le connaîtra jamais vraiment. Même de chair et d’os, ce sera une image. Pas plus que quiconque: sa solitude a montré que cette pauvre femme seule est inapte à toute relation avec une vraie personne, à affronter la réalité de la vie qui demande l’effort d‘être soi-même! C’est exigeant, les autres. Ça demande la moindre des choses; la sincérité. Elle ne parlera pas de cette liaison à son grand fils (si elle en a un): il a déjà failli se faire très mal en s’ouvrant les veines le jour du mariage. Il est très occupé, chaque soir de pleine lune, à percer d’aiguilles une statuette de cire représentant son beau-père tout en proférant des incantations menaçantes. Il va pourtant mieux, grâce à la Ritaline et ne se suicide plus qu’une seule fois par trimestre, quand arrivent les bulletins scolaires. En d’autre termes, il s’agit de remplacer une tendance à ne vivre que des rapports abusifs de dyade, par, enfin, une relation triangulaire. Celle qui existe, par exemple, dans une famille dans laquelle le mari n’a pas été exclus parce qu’on ne peut pas supporter son altérité, ses « petites manies ». Ce qu’on perçoit comme une différence irréductible. L’ennui, c’est que cette méthode pour enfin trouver le Prince Charmant demande de se remuer! Finalement, autant rester comme ça: on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve. Prenons une grande décision: à partir de maintenant, ce sera comme d’habitude! Autant continuer à savourer ses troubles gastro-intestinaux, sa chounette en jachère . En ressassant d’un médius tristounet le rêve du beau Prince. Lequel n’a rien à foutre et pas grand-chose à baiser d’une fleur d’espérance rêvassant mollement d’ordinaires songeardises: Cette femme m’a déclaré avec une sorte de grand sourire stérilisé que ses rêves étaient plus importants que sa vie, plus réels que les événements de sa journée, plus réels que son mari et son enfant . Extrait de Rhétorique de la scène de ménage, éditions HC, 2004
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