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orlando de rudder
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2 octobre 2005

Marc hortemel

Et voilà! la traduction de MArc Hortemel est sortie!!! Cébô!!!!! Et voici la première critique, dans le Figaro Littéraire!!!!! Magnificat pour Bacchus Oeuvre romanesque et Correspondance de Charles Bukowski PAR JEAN-PIERRE DUFREIGNE [29 septembre 2005] Oeuvre romanesque, de Charles Bukowski (Women, Factotum, Le Postier, Hollywood, Pulp), Préface de Gérard Guégan, Grasset, 1 076 p., 25 €. En librairie le 5 octobre Correspondance (1958-1994), de Charles Bukowski, traduit par Marc Hortemel, Grasset, 432 p., 22 €. En librairie le 5 octobre Quoi qu'en dît l'immortelle Déclaration des droits de l'homme, les hommes ne sont pas si égaux que ça, le législateur finaud précisa qu'ils ne l'étaient qu'«en droit». Un des facteurs d'inégalité est l'alcool. On le «tient» ou on ne le «tient» pas. Graham Greene, qui se piquait de ne pas toucher un verre de scotch avant 18 heures, la règle pour un gentleman (comme d'ailleurs le port de la pochette), attaquait à la vodka dès 11 heures du matin. Rien ne se voyait. Nabokov sifflait son pur malt dans une théière chez Pivot, le sourire en coin. Mais d'autres... Chez Pivot notamment, et ainsi nous évacuerons l'éternelle anecdote, qui ne se souvient de Bukowski, ses bouteilles de vin blanc, ses caresses aux cuisses de Béatrice Beck, les ronchonnements outrées de Cavanna, pourtant anar stipendié de Charlie Hebdo, devant un tel crime de lèse-télé ? Buk ne «tenait pas». Faulkner non plus. Les enfants d'un sergent de ville parisien se souviennent encore de ce que leur rabâchait papy jusqu'à plus soif ; s'adressant au concierge du Ritz, alors que deux agents portaient un poivrot «déchiré», comme on dit maintenant, il avait à peine osé chuchoter : «Ce... monsieur prétend qu'il est Prix Nobel.» Sans sourcilier, l'homme aux clefs d'or appela deux grooms et fit porter Faulkner dans la suite de son ami Howard Hawks. Expédions une autre idée reçue : quoi qu'en pense un peuple privé aujourd'hui de romantisme, l'alcool n'exalte en rien le talent (ne parlons pas du génie). Le «poète maudit» totalement torché et pochardisé n'est pas forcément meilleur que le sobre buveur de café qui cire ses chaussures et noue sa cravate avant d'attaquer sa première phrase. Cela se passe ailleurs. Entre le cerveau et la main ; via les tripes. Buk avait souvent la main qui tremblait, mais les tripes fonctionnaient. Et le cerveau explosait. Recevoir d'un seul coup au courrier cinq romans en un volume plus la Correspondance de Bukowski est déjà commettre un abus, et l'on craint la gueule de bois subséquente. Juste une goutte, merci. Tu parles ! Buk écrit comme il respire. Et le lecteur essuie son haleine, les halètements, les borborygmes, la toux, les rots et aussi ces sifflotements discrets, le doux fredon d'une délicatesse de pensée, l'aveu détourné – ou asséné – d'une solitude soufferte ou recherchée. Qu'il se nomme dans ses romans tout simplement Je, Hank ou Chinaski, voire Belane (le «privé» post-chandlérien avec un arrière-goût de Richard Brautigan de l'ultime Pulp, où il se rêve une mort de fiction, seul répit capable de lui éviter la condamnation de la leucémie), le héros de Buk est Buk. Et l'abus de Buk enivre. Car Buk, c'est du brut. Comme dans Le Postier (il fut vraiment postier pendant douze ans avant de démissionner à 50 ans), comme dans sa correspondance, où sa voix résonne sans le paravent de la fiction, se livre, s'éraille, ne se refusant aucune éructation mais jetant çà et là quelques vérités sur le labeur qui consiste à écrire et cela sans le magnifier. Accessoirement aussi sur la vie, avec, chose hors légende du saint buveur, l'amour qu'il voue à sa fille. Il prend un plaisir d'une pudique fierté à écrire son nom entier : Marina Louise Bukowski. Et lui, le laid, le boursouflé, le dépenaillé, vante sans appuyer la beauté de sa fille et la splendeur de ses yeux bleus. Buk, en effet, a ses pudeurs. Arrivé au dernier cent, ayant quitté La Poste, courant après 20 dollars au hasard d'une lecture de poèmes, il refuse une mensualisation de son éditeur (Le Postier et Mémoires d'un vieux dégueulasse sont des succès) pour répondre, sans hauteur mais fermement : «Donne-moi ce que je vends, ni plus ni moins.» Humilité peu courante chez les auteurs sobres. Et s'il couine pendant trois lettres au sujet d'un mal de dent, pas un mot sur la leucémie jamais nommée. A peine l'évocation d'une fatigue. Au contraire, il tourne sa vie en dérision, balançant à une revue très chic en guise de notice biographique pour la publication de quelques poèmes : «Je suis un albinos de naissance qui vit avec une mère avec une jambe de bois et un père qui se came. J'ai un perroquet, Cagney, qui chante Yankee Doodle chaque fois qu'il chie. Une fois j'ai vu J. D. Salinger. J'ai une soeur de 18 ans qui a un corps de rêve (photos d'elle à poil ci-jointes). Vous pouvez me joindre moi ou ma soeur au 642-696-6969.» Signé Byron Keats. Comme il dirait : «Merci Dieu, merci les anges et les oeuvres complètes de Tourgueniev», alors qu'il va mourir il est encore capable de jouer à l'imbécile. Ainsi dans Pulp, Belane-Buk rencontre La Grande Faucheuse – son nom dans le roman – dans un bar, lui offre deux vodkas et afin de la faire patienter, lui donne le bulletin de naissance de Louis-Ferdinand Céline, pour qu'elle le lui fasse avaler. Mais tout jeu a une fin. Avec cette dernière lettre du 25 février 1994 – il mourra le 9 mars. Bukowski la commence ainsi : «La solitude se fait de plus en plus douce.» Portrait-esquisse de l'énergumène en aimable flûtiste. Bravo à Marc! Hosanna! MAis c'est pas tout ça! Faut se remettre au boulot, MArc!!Quelq projets? En avant!
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