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orlando de rudder
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27 octobre 2009

La conquête de l'intériorité occidentale

Lire en silence... L'écoute intérieure... Saint Augustin fut d'abord extrêmement surpris de voir que Saint Ambroise pouvait lire en silence (voir les Confessions, au livre VI).Puis il prôna cette forme de lecture qui s'est imposée petit à petit en Occident, mais pas partout. Augustin  (Dei Verbum au n. 25 -) précise:

... tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s’attacher aux Écritures, de peur que l’un d’eux ne devienne “un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l’écouterait pas au-dedans de lui.

Cette découverte de l'intériorité nous mènera  progressivement aux "yeux de l'esprit" qui permettent la contemplation de "scènes" comme il et proposé par les exercices Spirituels d'Ignace de Loyola. Quiconque les a pratiqués -et beaucoup de non-croyants, particulièrement chez les surréalistes l'ont fait comme s'ils croyaient pour le renforcement de l'esprit que cela procure- découvre cette surprenante possibilité de l'esprit, celle de se "faire des films" que l'on voit comme si l'on était véritablement devant un écran. Ca me sert beaucoup pour écrire mes livres. (Attention, cependant: il faut garder en tête que ce sont bien des visions intérieures. Quand on en vient à les croire  externes, on en arrive à l'hallucination, à la "vision " mystique, ce qui est inquiétant, destructeur et peut mener très loin! Slogan anar: "Deviens ta propre drogue").  C'est mieux que les story boards que je faisais jadis. Curieusement, ce « regard intérieur, tel qu'Ignace le dépeint pour la contemplation des choses sacrées fut « extériorisé » par un autre jésuite, le génial Aloysius Kircher (voir sur le net), qui devrait être aussi célèbre que Léonard de Vinci. On le dit inventeur de la lanterne magique .

Elle permit de convertir des Indiens dans les colonies américaines. Car on leur montrait l'enfer, la rédxempion! On les effrayant par des scènes paniques! Et la magie de l'image de lumière entraînait la conviction. Par la terreur! (Pub: je parle de ça et d'autres choses dans mon roman Le Traité des traités, très bô, pas cher)

On pense aux premiers films des frères lumière et aux spectateurs affolés de voir un train arriver vers eux. Par chance et par un réflexe de liberté humaine, la lanterne magique quitta vite la vulgarité épaisse du message chrétien pour se tourner vers la lumière radieuse (pléo!) et saine de la joyeuse pornographie, cette, plus profonde,  soeur du mysticisme... Un peu de santé! Comme ce fut le cas du cinéma, dès le début. Ce fut, dans les deux cas, une Rédemption! Ouf! Du cul:  on respire on est loin du cadavre pour sado-maso sec comme un hareng, (d'où son nom d'Ychtios) et qui fut condamné pour intolérance et blasphème connu sous le nom de Jésus, moins marrant que Balavoine (Je m'présente, je m'appelle Inri), c'est dire.

J'ai déjà étudié cette question de l'intériorité dans ma thèse en la reliant aux arts de la mémoire, Ad Herrenium ou Fludd qui, pour aider à se souvenir proposaient la constructions de scènes en images mentales actives imagine agentes. Ce qui pouvait apporter,puisque cela se faisait avec associations d'idées, calembours choses incongrues, à des scènes burlesques qui ne sont peut-être pas étrangères à certaines représentations grotesques des sculptures des cathédrales. Je parle aussi de ceci dans mon roman L'Âne et la Lyre ( pub: très bô, pas cher, en livre de poche!)...

Cette lente conquête de l'intériorité a eu aussi des effets littéraire. Dans les anciens textes, médiévaux ou antérieurs, si quelqu'un pense, on l'entend. Il parle. Et si un traître ourdit un complot contre le roi, bien isolé, tranquille, s'il prépare un plan pour l'assassiner et que, par hasard un partisan du roi passe par là, se cache, il entend la pensée du méchant! Il est au courant du danger et peut prévenir la victime potentielle!

Le progrès fut la conquête du silence. Aussi faut-il imaginer les très anciens monastères comme des ruches bourdonnantes. Dans les bibliothèques, on lisait à haute voix. Dans les scriptoria, on dictait. Lire et écrire se pratiquaient à grand bruit!

Un peu de mauvais esprit? Allons-y! Avant Loyola, avant le temps de la découverte d'un continent neuf,il n'y avait pas de haricots. Mais les moines frugaux se nourrissaient de fèves, de pois secs, de pois-chiches...L'obésité du moine pour « étiquette de camembert » fut réelle: féculent et saindoux! Régime carencé propre à créer un état mystique par des digestions intéressantes. Edentés, nos moines lisaient à grand bruits et pétaient comme des vaches. Ils pratiquaient deux sortes de « vie intérieure », l'un spirituelle et l'autre gastro-intestinale. L'ambiance, dans les lieux de savoir, de culture et de connaissance n'était pas forcément telle qu'on l'imagine...

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