La mort n’est pas une leçon crasseuse.
La mort n’est pas une leçon crasseuse. Ca ne fait pas les pieds. On n’apprend pas grand-chose. On e perce pas de mystère quand on meut. On froisse peut-être un tissu cru. Rompre le sceau déchire l’enveloppe. Même si l’on espère un voyage frémissant. Point de fureur d’organes quand la mort a frappé. Pas d’expérience, c’est tout et c’est fini, pas vrai ?
Jai vu deux trois grands aulnes qui se tenaient debout comme des mères éplorées et des saules chialant. Que veux-tu donc de moi, toi qui voulait m’aimer ? Bah ! on n’a plus de pieds dès l’au-delà connu. Et l’on ne marche pas, déjà qu’on n’apprends rien.
La vieille ombre… on dirait que cela stagne alors que tout ça grouille. Cela n’est plus vivant et ça se le fait voir. Mais pas au mort fini, celui qui rien du tout. Tuer pourrait nous donner une idée de la chose : il faut être vivant pour massacrer des gens. Ce qui peut rassurer, c’est une cause efficace. Celui qui n’a pas tué vit moins que tous les autres.
Le vent brasse la neige et j’ai envie de vivre. Le vent balbutiant me pond des adjectifs. J’entend dans ses syllabes les manœuvres du temps. La mort ne donne pas d’enseignement durable. J’ai rayé mes lunettes et je suis en prison. Redoutable équivoque mais c’est aussi voir clair. Mourir n’amollit pas mais reposons nos yeux. J’adorais mon épouse mais je ne l’ai pas tuée. Je veux dire quand j’ai cessé de l’adorer. La mort ne transmet pas l’expérience du divorce. Infortunés époux jusqu’à ce qu’elle sépare. Toute séparation est une funéraille. Foutons-les au pluriel car la vie est fatale. Ce n’est pas ça du tout et pas cela non plus. Le creux ricanement est le décès du rire.
Redoutable inconnue, pousse-moi donc au crime ! Ô mort, donne au destin des saignements vulgaires ! Je ne veux pas crever avant que mort s’ensuive.
Ensauvageons enfin notre monde de l’intime. Et ce sera mauvais, un délice d’œil crevé. Qui ne pourra plus voir les lunettes rayées. Ni la mort dans la gueule comme un coup de poing ; paf !
J’irai dans ta distance, tu auras des yeux peints. Le tout dernier combat ? une défaite hargneuse ! Tes moments de chair crue rebâtissent les jour. Comme des murs aigris aux fenêtre grillées. Quand plus rien ne s’encastre ni muqueuses ni regard…
Vois : la mort n’a pas donné de fruits comme l’orange. Devenons comme des riches avant les poches creuses. Peut-être qu’en tuant l’on apprend à mourir. Puisque l’on est vivant et qu’on peut voir comment. La ténèbre en leçon, le devoir du néant la vie se carapate, jamais plus mal aux dents. De profundis au cul, j’écoute un vent terrible. Avec des mots perdus qui ne rapportent rien. La mort n’enseigne rien. On n’apprend pas grand-chose. Et du rien au néant, il n’y a pas un pas. Ca ne fait pas les pieds. La mort n’est pas une leçon crasseuse.