14 avril 2008
L’avant-veille de Jeannnot.
Jeannot me l’avait dit : C’était une avant-veille comme il y en a tant. Et son surlendemain serait aussi banal. On peut s’attendrir à ce propos. La révolte est bénigne, sauf quand on tue les gens. Mais avec la sécurité de l’emploi, on ne voit pas pourquoi. L’amour, peut-être ? Enfin la haine. Des affects de tréfonds. Comme des tripes retournées. A la façon de vestes quand on a tout trahi. Ou que l’on a échoué aux concours véritables. De circonstances.
Faute de ne pas mâcher les coups, on mâche les mots. Parfois,,ça fait plus mal. Mais en prison, chacun se trouve en sécurité. Sauf la haine, mais ce n’est que parfois. Et mon esprit lambine comme une charrette à bras. Quand Jeannot parle vite, souvent, je ne suis pas. Sauf là. Présent.
La brute attendrie peut devenir gâteuse. Et cogner sucre et miel à grands coups de marteau. Ramponneau sans les yeux à la panne aimantée. C’et ce que dit Jeannot qui connaît tant de choses. Avec son vieux chapeau qui fut, ma foi, joli.
Quand la brute s’adoucit, toujours selon Jeannot, la cruauté vacharde trouve des veilleuses terribles. Elle s’empare des enfants. Elle les mignote, les berce, les embrasse goulûment. Avant de les claquer contre les façades. Ou bien de les traîner sur les tessons de bouteille d’une muraille maçonnée de maison peu amène. Ca laisse des gluances d’escargot. D’abord de bave sur les joues. Puis de sang. Ca sèche ou coagule.
Oui, c’était une avant-veille à toute autre pareille et rien ne pouvait dire qu’il se suiciderait, Jeannot. La mort aussi provoque une sorte de sécurité. Rien ne peut arriver. Ce n’est pas comme l’emploi. Mais Jeannot, sachez-le, était un fonctionnaire.
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