Lettre à l’inspiratrice.
Très chère amie, je suis heureux que vous daigniez venir déjeuner chez moi ce mardi en huit. Déjà je piaffe d’impatience.
Je vous préparerai du veau pour vous faire plaisir. Car j’ai deviné que vous aimiez ça ! Oui, vous avez une tête à veau, pétillante de gourmandise et je vous sais sensuelle d’une façon pertinente.
Cette sensualité éclaire votre visage d’un je-ne-sais-trop-quoi plutôt évanescent. On sent bien que le veau vous ira bien au teint et que vos deux beaux yeux brilleront d’importance.
Je vous ferai du veau parce que vous m’inspirez. Une tête à veau ne trompe pas, c’est comme une tête à claques ou une tête à chapeau. L’avantage du veau c’est qu’il est un peu pâle ce qui rehaussera votre incarnat charmeur.
Vraiment vous m’inspirez car figurez-vous que je suis poète à mes heures. Et le poète est voyant disait Arthur Rimbaud. C’est bien pourquoi j’ai vu que vous aimiez le veau. Ces choses-là se sentent et ne se disent pas ! Il faut être voyant, inspiré de surcroît. Et c’est bien vous ma muse amatrice de veau.
Oui, je cuirai du veau gras comme pour un retour car nos âmes sont unies depuis le fonds des âges ! Je prendrai du bon veau de pâtures bien grasses ! Parce que le veau c’est tendre quand ça a bien brouté. Avec des yeux très doux, suivez donc mon regard ! Avec une bonne tête. Sans chapeau, sans claque ni même de chapeau-claque. Voilà pourquoi, chère amie, heureux que vous daigniez venir déjeuner chez moi. Je vous préparerai du veau pour vous faire plaisir.
Je suis, très chère amie, votre fidèle serviteur…