Grand nettoyage de printemps.
Pour lessiver le feu, il faut des cendres grises et de la soude blanche et des mains qui rougissent comme une bergère du coin éprise éperdument mais honteuse qu’on le sache.
Pour shampooiner le flammes il faut de la patience et de l’huile de coude, mais surtout pas de souffre ou même d’huile de cade. Or, si la flamme est brune comme la fille des montagne qui attendait un prince et fut prise par un faune dix mille fois plus câlin, il ne faut pas s’attendre à ce que… vaille que vaille ! .
Pour nettoyer l’eau pure, il faut une Loreleî, une nixe ou sirène qui trempe ses cheveux en chantant forcément. Si ça mousse en écume, il y aura de beaux fruits, sauf s’il neige en janvier comme l’année dernière. Tabassons les nuages à grands coups d’alpenstock, ça fait poète en diable et ce n’est pas plus mal.
Pour astiquer les sources, il faut au moins avouer que les choses familières demeurent inconnues quand on change de regard. Ca marche pour les torrents, avec du savon noir ou bien des détergences affolantes qui rongent les mains à doigts fussent-elles les plus coriaces et les cœurs minéraux. Ajoutons des sourires aux matins qui s’en vont, comme ça, même si c’est triste, on fera comme si…
Pour laver les esprits, pensons que peut-être nos mains peuvent s’ouvrir au ciel comme des veines à la mort sous la lame rouillée d’une vieux couteau perdu et qu’on a retrouvé, une beau jour en marchant, vers on en sait pas où puisqu’on de fout de tout.
Pour demeurer crasseux comme un amour manqué on s’arrange pour poisser, chialant des larmes de glu en buvant du vin fort, résolument mauvais avec des filles tristes qui peuvent être méchantes dans des bistros perdus, même que ça fait très mal.
On ne peut pas, jamais, astiquer les larmes amères, elles sont trop basiques et rongent le vernis des tables en bois, bancales. Et moi, ce que j’en dis, c’est histoire de parler, parce qu’il y a des jours où l’on oublie tout ça, ce qui vaut beaucoup mieux surtout quand il fait beau.