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orlando de rudder
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16 janvier 2007

Définir la poésie, 9.

La poésie !  Elle est pour tout organisme vivant, une avancée subtile dans deux directions : D’abord l’élémentaire, le spécifique. Ceci parce qu’elle peut joindre en nous les règnes, dans leur profondeur obscure ! Le poète est humain, et seul l’humain est poète. Ou non. Encore que.. Mais…

Qu’et-ce que l’homme sinon, et en particulier, l’organisme vivant pouvant se permettre de devenir poète ? Celui qui échappe, par le courage, par la sérendipité, par les épiphanies, par la technique dépassée à la seule fonction d’exister ?  Celui qui s’élance vers l’azur jusqu’à ce dépassement ultime qui passe de l’être au devenir, de l’individu à la personne ? Assurément !

Loin d’en demeurer au stade affectif de l’animal ou du végétal, L’homme se comprend par l’arrivée, le surgissement, même, d’un événement individuel. Cet événement ; l’invention de soi,  peut être précisé par l’assomption de la fonction poétique humaine, générale mais que bien peu assument. C’est une autre  naissance.

Poésie d'un homme ! «  Ma poésie » ou «  ta poésie » n’ont pas seulement un sens pour moi seul, toi seul. Elle peut s’articuler dans l’universel ! Et même saturer la philosophie :  La poésie de Socrate a préparé la poésie de Jésus : c’est d’Himère aussi que vient Claudel, Racine, et ele langage même d’un Paul Verlaine en passant par la latinité virgilienne de Rimbaud qui confit le symbolisme, par exemple.  Il y a continuité autant que rupture, filiation autant que reniement !

Quelle en serait la genèse autrement ? Chaque poète vit l’épopée : Fiat lux ! Le jour de clarté sublime la leçon de ténèbres ! Et c’est ce qui révèle son destin à celui qui, d’un seul coup deviendra baladin, aède, griot, rhapsode… Suit l’Odyssée précieuse du savoir, du savoir-faire, le siège de la forme en Iliade touffue ! Et voilà l’écriture qui se mêle du jeu ! Car si le poète écrit, aujourd’hui, maintenant, il ne faut pas oublier qu’elle écrit dans le poète ! Il y a combat : le poète devient  Vator, Vaticinator,  et Agoniste ! La poésie peut l’empoigner vertement, en rude façon, manu militari. 0u encore, ele peut convaincre en susurrant. Elle sait aussi faire mal jusqu’à de sinistres décès…

Elle se  met à écrire en soi-même et, tout d'abord, ele peut n’apparaître que comme une chose ingénieuse et charmante :  Poésie mignardisante des fleurs, poésie mécanique des insectes, souci de l’éphémère qui durera pourtant couché sur le papier… Qu’on brûlera peut-être. Mais pour recommencer, parfois souventes fois ! 

Attention toutefois à cet enjeu vital : Quelle âme de poète n’est jamais restée dans une stupeur blême, depuis la révélation de la poésie au fond de son être ?  Qui n’a pas vécu d’intenses  inquiétudes au sujet de sa poésie propre ? Car l poète jouxte l’aporie tout autant que l’abîme : il n’y a pas d’alcool plus fort !

Nous parlons pour l’instant de celui qui écrit ! Mais, quand on voit le monde, on se demande combien d’hommes, de femmes eussent été en meilleur état d’existence, rien qu’en taquinant légèrement la muse, en distraction, sans vouloir risquer la vie « en poésie », qui peut mener à l’ascèse, à la déréliction ? Il suffirait de peu pour être moins malheureux ! Surtout quand on travaille !

Mais attention ! Pas d’attendrissement ! Celui qui n’a pas cessé d’écrire au moment trop trivial de la reconnaissance de faits exagérément personnels et qu’on en peut donner à l’universalité le paye par la platitude et le grand désarroi ! Il faut savoir reconnaître ce qui devient abusivement inconsciemment  madeleinesque ou macaronique! Mort au trivial glucosé paré des charmes formels du sur-dit abrutissant! De l'hyper-énoncé catastrophique! Il faut savoir s’en défaire sous peine de platitude à recommencement, de prosaïsme à revoyure ! Gare ! Oui :  A certains instants de l’existence poétique, quand on devient, malgré un quotidien parfois lourd, le porteur d’une fabuleuse extra-temporalité, on  côtoie la dissolution de soi par soi-même !  Par conséquent, il est urgent de se montrer  soucieux des vicissitudes temporelles, qu’elles viennent du passé ou de l’avenir : le présent n’est qu’un leurre, qu’un fictif point de rencontre ! Tout le mystère est là !

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