Plus je vois les chats jouer avec les souris, plus je trouve les toreros sympas
Quand on a été pauvre, SDF, qu’on s’est rapproché de l’état de nature en connaisant la haine, la trouille, le froid, la faim, la condition animale, on redécouvre la partie noire du génie humain, ce qui demeure de l’ordre de l’animal : Avoir une arme, un couteau, pour se défendre contre les autres clochards. C’est le perfectionnement des poings, des poids, des dents, la rage de cogner. C’est la victoire sur le manque qui a fait que l’homme et né sans griffes ni venin. Et qu'en luttant pour devenir lui-même, ce qu'il est malgé tout, l'être humain a trouvé le moyen d'échapper au plus grand fléau naturel: les maladies,les épidémies qui dévastent le monde animal périodiquement. C'est sublime!
Le silex de l’homme naissant, qui inventa ceci en même temps que l’art et , certainement, la poésie, voire l’amour. Aussi proches du loup haineux, de la fourmi massacrant celle du clan ennemi ou d’une saloperie de bête quelconque jouissant d’avance de sa propre cruauté, l’être humain s’est d’abord émerveillé d’avoir trouvé une façon de vaincre, de survivre.Il a chanté la joie de ne pas être mort. Son animalité,,dans sa bassesse veule, s’est intellectualisée en religion, en trouille d’autre chose, d’autres prédations venues ailleurs puisqu’il pouvait triompher de celles du quotidien. Et qu’i l était habitué à la trouille… La foi, la spiritualité ,le mysticisme, ces excréments de l’âme donnèrent des raisons d’être au meurte gratuit et ce courant continue chez les plus bestiaux d’entre nous .
Néanmoins, l’homme inventa la musique ! Fût-ce en martelant le crâne de l’ennemi vaincu ?
D’autres inventèrent la poésie en bafouant la nature : ils plantèrent et semèrent, obligeant l’environnement à les nourrir comme ils le voulaient. La gastronomie vint avec la cuisson. Et les siestes crapuleuses firent naître l’érotisme, la poésie amoureuse, tout ce qui manque à la nature, aux animaux.
Démunis de la trouille, les hommes de bonnes volonté ressentirent un manque au ventre. ET, tandis que les autres bêtes continuaient à ne vivre qu’une vie de crétins, à souffrir des prédations, à tuer, à jouir de tuer, l’être humain inventa la personne. L’unique. Le beau. Ceci parce qu’il inventa aussi l’émerveillement. Et, sauf quand il tombe dans la misère, c’est-à-dire en état de nature, l’être humain célèbre la vie ! J’ai réappris à m’émerveiller d’un interrupteur électrique : la lumière est à portée de mon index : je désigne, j’appuie. C’est beau. Beau comme un jasmin, un chêne, un vélo, une tarte au pommes, une andouille de Cambrai, un coucher de soleil intelligemment contemplé (autrement, il n’et ni beau ni laid. Ou alors, bêtement contemplé, on a un chromo dégueulasse dans les yeux ! Ou une vision écologiste du monde :la vulgarité genre touriste à la beauf !)
Je suis humain. J’emmerde Dieu. J’ aime la vie : je ne suis pas écolo ! Car j’aime vraiment la nature, en sachant qu’elle est une peau de vache, qu’elle est guerre constante et trouille et qu’on y mène une vie de clochard, sauf à devenir humain, savoureusement humain, et non déshumanisé par un retour à l’animalité. Que la nature c’est une Médée perverse, tuant pour faire renaître : une Lilith criminelle à dessein. Symbole pour le mâle en trouille de la femme dangereuse, femina fatalis ! Ce qui demeure un reste de la très naturelle et répandue domination du mâle sur la femelle que l’humain va peut-être faire disparaître à jamais ! Contre "nature"!
En évoluant encore de plus en plus vers la personnalisation, l’hominisation, l'individuation, la construction d'egos formidables et généreux, l’humain. En s’éloignant des pratiques ignobles des rhinocéros, des mammifères courants, des saloperies d’animaux qui ne sont intéressants qu’en compagnie de l’homme qui sait donner sa tendresse ! A moins qu’ils ne deviennent serviles comme les dauphins qui me dégoûtent !
L’être humain, celui du progrès de l’esprit, selon Condorcet, puis celui des Lumières est une merveille ! L’individu, devenue personne vit aujourd’hui dans un monde merveilleux, à interrupteurs électriques, caramels mous, chaussures confortables, littérature, foie gras et vie, vie, vie ! La culture est amour, résistance contre la haine naturelle ! On l’aime bien, cependant, cette pauvre petite nature : on la réinvente !
Honneur et gloire au salsifis frit: aucune bête ne saurait créer une telle merveille!
Plus je vois les chats jouer avec les souris, plus je trouve les toreros sympas…
Parce que j'aime vraiment les chats, moi! Et que j'aime la nature, qui est une vraie salope! Amour vache!
Et je jouis infiniment du bonheur d'être moi!