The house of the rising sun
Je réécoutais Bob Dylan chantant "the house of the rising sun"! C'était il y a bien longtemps... Vieille chanson de misère que Johnny HAlliday a popularisée sous le titre "Le Pénitencier"...
Quand même, le "traducteur" a fait fort! Voici une chanson qui, depuis sa création (XIXeS.?) raconte l'histoire d'une pute misérable, qui va très loin dans l'évocation de sa détresse en pleine Amérique puritaine en proie aux ligues de vertu, qui, dans certaines versions décrit cette affeuse "maison du soleil Levant", un sombre bordel de la Nouvelle Orléans, de "Storyville" et qu'on transforme en ramenardise de bagnard d'opérette! Les autres versions avaient fait mieux, même en passant en 4/4, alors que l'original (? il y a tant de versions!) était en 3/4, parfois en 6/8, qui nous ramène à un binaire un peu swinguant...
Le monde puritain de l'époque gaulliste n'aurait sans doute pas accepté qu'on parle d'une pute? D'une malheureuse fille "de joie"! L'adaptateur, les producteurs ont préféré l'autocensure! En attendant, n'importe quel truand, assassin, salaud valait mieux qu'une pute, était plus "décoratif" dans la société machiste inspirée par Tante Yvonne! La femme du Président qui refusait de recevoir les divorcés à l'Elysée, fussent-ils prix nobel!
LA musique, issue du folklore est sans droits. Y a t-il un ou une traducteur ou traductrice qui va essayer de retrouver l'esprit original de cette chanson qui a une toute autre dimension que ce qu'on en voit dans la version française?
Ah oui: c'est une femme qui parle dans la chanson! Alors, évidemment, Johnny... Pourtant des tas d'hommes l'ont chantée, y compris les guimalvesques et sirupeux Everly brothers! Pete Seeger en avait fait un "protest song" sobre, pur, digne, sans effet, juste d'émotion vraie, profonde! Et non d'émotion de censure (hi! hi! suis-je mutin!)... Au fait, elle était peut-être noire, la malheureuse de Louisianne! Alors là, non, ça fait trop pour les bien-pensants!
ET ne peut-elle pas servir à la fois aux prostituées militantes qui veulent être libres tout en luttant contre l'esclavage de la prostitution forcée? C'est du réel, cette chanson!
Mémoire de femme, en tout cas! Mémoire d'opprimée! ET ça, vaiment, c'était indicible au temps du viol impuni (voire encouragé en Algérie! )...
Mais non: aux oubliettes, la petite pute de New Orleans! On a préféré le bagnard "décoratif"... Et surtout pas dans le genre Seznec ou Dreyfus (hi! hi!). Quant à Jean Valjean ... C'est vachement viril, ça, un assassin! C'est du costaud! Un vrai dur!
A moins qu'on ait pensé à Averell Dalton... Mouais...
Adieu, petite pute de la Nouvelle Orléans! Il y a au moins une personne qui pense encore à toi! Vale!