Et v'lan, v'la du souvenir!
en C'est amusant, comme les souvenirs surgissent... Souvent par le goût, comme l'a bien montré Proust. Et pour moi, ça a été l'odeur du chèvrefeuille qui m'a rappelé mon enfance provençale et les moutons!
J'aimais aller me battre avec les jeunes béliers (les vieux, c'est moins commode même si on chope les cornes!). Je l'ai refait il y a bien douze ans avec un bélier mignon que j'élevais avec sa vieille mère toute laineuse. MA fille, ça ne lui plaisait pas trop: elle se tirait des charges du bélier par un bon coup de bâton qui ne faisait en aucun cas renoncer l'animal...
Il fallait traverser la pâture pour aller au poulailler chercher les oeufs! Une fois, elle a esquivé la charge et le pauvre animal a foncé dans le tronc d'un catalpa Il a dû voir trente-six chandelles, parce que c'est un arbre bien dur et celui-ci était bien vieux, bien solide...
Le jeune bélier, quoi qu'il arrive, ça fonce. Même si ça n'a pas encore de cornes, ça cogne du crâne et pas doucement. Mais ça m'amusait quand j'étais gamin. Le jeu était de ne pas se faire cogner et de renverser l'animal. Et de recommencer, cinq, dix, quinze fois jusqu'à épuisement. De mon épuisement, pas de celui du bélier qui ne demande qu'à continuer!
Bref,il faut éviter, attraper le bestiau, jouer, rigoler, se rouler dans la pâture, recommencer, en sachant que le bélier ne renoncera pas et qu'on sera toujours plus fatigué que lui. Varier les esquives, faucher les pattes, ou, au contraire se rouler dans l'herbe pous les saisir après s'être défaussé ou saisir la tête en subissant le choc, en l'amortissant en dérendant les muscles avant de les tendre à nouveau pour arrêtr l'élan (non,pas un élan,un bélier! L'orignal et le caribou, ça doit pas être de la tarte! Je pense qu'on ne s'y risque pas! Sauf, peut-être, s'ils sont tout jeunes comme les béliers de mon enfance).
Bin oui, ça faisait lutte entre jeunes mâles un peu cons. Surtout moi. MAis ça ne nuisait à personne et on se marrait bien, car je pense que les béliers aiment ça, eux aussi... il faut les voir lutter entre eux! C'est costaud, ces petites bêtes... Et j'avais souvent des bleus... JE devenais un mini-Thésée, manquant de minotaure à ma taille! Faute de grives, on prend des merles et revenons à nos moutons:
Cette lutte duraoit. A la fin, j''étais tout dégueulasse, plein de boue et hilare. Ma mère râlait. Mois commode à afronter qu'un bélier! Les autres gamins jouaient généralement au foot: ça leur faisait un peu peur les béliers... Dommage pour eux! Moi, j'aimais bien les béliers et c'étaient comme des copains avec qui je jouais à perdre haleine. avant de rejoindre mon chêne-liège à moi, sur la branche duquel je m'installais pour lire Ovide, Zévaco ou Les Pieds-Nickelés.
Ovide... Avec le paysage, la myrte, le romarin, les cyprès, le bleu du ciel... Je me voyais foutrement Romain (ce que je suis) écoutant les souffles paniques et me demandant quand une nymphe à poil et joufflue du poitrail allait enfin arriver, non mais c'est vrai, quoi...
Ce fut un jour la fille d'un paysan du coin. Mais il a fallu soulever sa jupe. Enfin, bref, chacun ses métamorphoses dans ce Latium provençal,parmi les lavandes et les vignes!
Un peu de bonheur, quoi...
Pendant ce temps, les autres jouaient au foot! Ils me trouvaient complètement fada et avaient bien raison!