Françoise Mandelbaum-Reiner strikes again!
1, rue Descartes, 75005 PARIS
(entrée : 25 rue de la Montagne Sainte-Geneviève)
Séminaire de
Françoise MANDELBAUM-REINER
LES USAGES POPULAIRES DES LANGUES D’EUROPE
"La langue est une robe couverte de rapiéçages faits avec sa propre étoffe."
Ferdinand de SAUSSURE
Le mot “ peuple ” se trouve désormais remplacé par “ public ”. Mais la disparition du mot n'a pas entraîné dans sa chute la réalité que sa présence désignait. Le peuple existe encore avec ses usages langagiers. Par ailleurs, il n’existe pas de “ langue ” populaire mais uniquement des praxis de langues, propres à certains groupes sociaux, diversement reprises par d’autres. Ces usages populaires offrent une multiplicité de formes peu explorée. Objet de rejet ou de mépris, il arrive que cette “ parole ” populaire soit victime d’un intérêt excessif, comme celui qu’on accorde à de fallacieuses curiosités. Le rejet comme la louange ne sont pas ici de mise : ces usages, ces pratiques populaires seront étudiées en elles-mêmes. Tels sont les patois, argots, sabirs, amphigouri, créoles, galimatias, pidgins, charabia, jargons, technolectes… et ces dialectes qui n'ont ni flotte ni armée …
Les langues, d’Europe et d’ailleurs, existent uniquement par ceux et celles qui s’en servent. Quel qu’en soit l’usage, une langue est en perpétuel devenir. Seront étudiées les modalités et les procédures de la mobilité de cette existence.
Le bricolage langagier modifie les constituants des langues au fur et à mesure des besoins, des affects et du désir des interlocuteurs humains, que seuls les usages de langue distinguent des autres animaux vivants. Ces usages divers sont à la fois dans la langue, telle qu’elle est, et participent de ce qu’elle deviendra, une fois modifiée par ces usages mêmes. Ne sont-ils pas postés dans l’axe asymptotique de l’intercompréhension si difficile à atteindre ? Une attention particulière sera accordée aux usages décriés, rejetés par les défenseurs de la norme académique, cette norme qui manque si souvent de mots pour dire la réalité vécue par les personnes de ce peuple qui n’est plus nommé.
En même temps que cette norme académique, nécessaire à la plus large compréhension comme à la cohésion de la loi, persiste et se crée une multitude de parlures autour de chaque langue. Il convient d’admettre leur existence, l'agilité de la pensée dont elles procèdent et, lorsqu’on peut les repérer, en décrire les procédés de formation, les thématiques, les situations et les fonctions sociales de leur emploi.
Les usages qui seront traités demeurent dans la langue : il n’existe pas de frontière au-delà de laquelle nous nous trouverions dans un “ ailleurs ” langagier. De même, si des mots vieillissent, deviennent caducs, disparaissent et que certains reparaissent, cela ne signifie pas qu’il y ait une frontière étanche entre un avant et un après : tout se passe en douceur, dans la continuité des paroles humaines et la pérennité des écrits.
C’est ainsi que vivent les langues, une vie non biologique mais sémiologique.
(Chaque séance de ce séminaire se déroulera en présence d'un(e) invité(e), natif/native d'une des langues pratiquées en Europe, qui présentera les usages populaires de sa langue et nous recueillerons la diversité des réactions qu'ils suscitent.)
Université Européenne de la Recherche
Contact : le mercredi (hors vacances scolaires) 01.55.55.86.
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Qu'on ne se laisse pas intimider par l'aspect universitaire de ce programme: l'ambiance est joyeuse autant que sérieuse!