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orlando de rudder
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17 avril 2006

courrières

La catastrophe de Courrières. Il y a cent ans, la catastrophe! Au fond de la mine, la mort. ET treize réchappés.Oui, réchappés avant que la France entière, puis la langue adopte le mot local, patois du Nord, du PAs-de-Calais: "rescapé". Qu'Alain-Fournier utilisa tout de suite, le 26 mai 1906 dans une lettre à Rivière. En 1907, le Larousse mensuel adoptait ce mot. Un nom entré dans la langue par l'effraction d'un immense malheur. Voici ce qu'en a dit Rémy de Gourmont (voir sur le site, aux liens): 15 avril [1906] L'Inattendu. — Il faut aux catastrophes naturelles, comme à celles que les hommes imaginent pour leur plaisir, un trait pittoresque, qui les achève, augmente ou diminue l'horreur qu'elles nous ont fait éprouver. Les treize resurgis au jour, du fond des fosses, taupes exténuées, ont rendu le drame presque supportable, en substituant aux sensations d'écrasement et de désespoir les émotions de curiosité et de bienveillance. C'est le revirement, sans lequel il n'est point de tragédie ; car une explosion ne fait pas une tragédie, ni une bataille : il y faut de la logique et de l'inattendu. Mais il n'est rien de plus attendu que l'inattendu, rien qui, au fond, nous surprenne moins. Ce qui nous étonne, par-dessus tout, c'est le déroulement logique des faits. L'homme est en perpétuelle attente du miracle et même il se fâche, si le miracle n'arrive pas ; ou bien, il se décourage. Le miracle arrive souvent d'ailleurs. Les vies les plus humbles ne sont qu'une suite de miracles, ou plutôt de hasards. On songe à toutes les choses qui peuvent arriver, et celle qui arrive, c'est celle qu'il était impossible de prévoir. La lecture d'un livre, la rencontre d'une femme bouleversent une vie qui semblait suivre doucement un chemin tout tracé. On dira qu'au vrai il n'y a pas de hasard, et que ce mot ne fait que constater notre ignorance de l'enchaînement des causes. Mais l'enchaînement des causes étant indéchiffrable pour notre esprit, nous appelons hasards tous les événements dont il nous serait impossible, malgré la plus grande attention, de discerner la venue. Ils se forment, ils viennent, mais nous ne le savons pas et ne pouvons le savoir. Il est bon que nous ne le puissions pas. L'action n'est possible que dans une certaine insouciance, et la vie n'est qu'un acte de confiance en nous-mêmes et dans la bienveillance des hasards. Nous comptons sur le hasard. Il n'est aucune existence, même chez les plus dénués d'imagination, qui ne lui fasse une place dans ses prévisions obscures. Ne compter que sur le hasard est fou ; mais ne pas compter avec le hasard est plus fou encore. Il est aussi déraisonnable de désespérer que d'espérer toujours. L'impossible, à chaque instant de la vie, se fait possible. C'est un motif d'espoir que d'être perdu dans un labyrinthe à mille pieds sous terre et ou peut, avec autant de vraisemblance, désespérer de tout, le jour qu'avec du bonheur plein le cœur on regarde la vie qui se fait bonne et qui sourit, attentive à nos désirs.
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