24 mars 2006
Encore l'AEMO
LEs méfaits de L'Aide Educative en Milieu Ouvert ne s'arrêtent pas à vouloir à tout prix laisser des enfants à des parents tortionnaires, ou dangereux (la définition de l'AEMO c'est d'aider les parents qui "représentent un danger" pour leurs enfants). Ce qui occasionne des drames et, parfois des morts d'enfants comme, par exemple, en décembre dernier à Limoges. Ce système, aui est attaqué par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, est classiste, sexiste, anti-père et résolument anti-pauvres. Voyez plutôt:
Extraits de L’École devant la grande pauvreté : changer de regard
sur le Quart Monde de Claude PAIR, Hachette Éducation, 1998.
Nous ne sommes pas respectés
• Printemps 1989 : M. et Mme D. vivent une situation difficile : d'énormes dettes de loyer, I'électricité et le gaz coupés depuis le mois de février (un an de facturation non payée), des tickets de cantine scolaire non réglés, un enfant de 13 ans placé, deux autres suivis par une éducatrice de l'Action éducative en milieu ouvert.
Mais ce qui est le plus dur à supporter, ce sont les jugements portés sur eux par le directeur d'école. Celui-ci proteste par écrit auprès de la Caisse des Écoles qui vient de leur accorder la cantine gratuite: « Cette famille ne mérite pas qu'on l'aide. Elle n'est pas digne d'élever ses enfants. Il faudrait plutôt les lui enlever ».
Leur fille de 7 ans se bat à l'école: « on dit du mal de mes parents, alors je les défends». M. D. vient se plaindre auprès du directeur. Celui-ci estimant qu'il a bu, le fait sortir par la police.
• Été 1989: le juge des enfants décide de lever la mesure d'AEMO parce que M. D. vient d'obtenir une allocation d'adulte handicapé; parce que Mme D. s'est arrêtée de boire; parce qu'elle a accepté la visite à domicile d'un psychologue et d'un orthophoniste pour un meilleur suivi de leur plus jeune fille. Mme D. avait dit au juge: « ce dont j'ai besoin, c'est qu'on me fasse confiance ».
Au Centre de protection maternelle et infantile, on tient à Mme D. Ies propos suivants: « un autre juge ne vous aurait jamais levé la mesure d'AEMO. Il vous aurait enlevé vos enfants. Si vous faites un pas de travers, on saisira tout de suite le procureur ».
Mme D. fait appel à l'Assistante sociale du quartier pour obtenir l'Aide personnalisée au logement - bloquée depuis deux ans - et un prêt exceptionnel de la Caisse d'allocations familiales. Mais celle-ci préfère traiter le dossier avec une responsable d'association proche de la famille. M. D. est convoqué à la mairie pour rembourser une aide exceptionnelle délivrée quelques mois plus tôt. Il s'excuse de ne pouvoir y souscrire en raison des frais occasionnés par le départ en vacances de ses deux petites filles, une semaine à la mer avec la garderie pour l'une, avec l'Armée du Salut pour l'autre. Il lui est répondu: « Vos filles n'ont pas besoin de vacances ». M. D. n'avait pas osé dire que son allocation d'adulte handicapé, qu'il venait de recevoir, lui avait été subtilisée par des personnes qu'ils hébergeaient chez eux.
• Automne 1989: à la rentrée scolaire, Mme D. réussit à procurer à ses filles les lunettes dont elles avaient besoin, et à la plus jeune des chaussures orthopédiques. Elle achète des tickets de cantine pour un mois. Un jour d'octobre, sa fille de 7 ans revient à la maison avec un sac de vêtements que lui a remis la psychologue scolaire. Mme D. en est humiliée: « ce que nous leur demandons, c'est que nos enfants apprennent, et voilà comment ils nous répondent ».
M. D. ne pouvant plus supporter cet état de misère, se livre à un vol à la tire pour lequel il est appréhendé par la police.
En novembre, enfin, le prêt exceptionnel de la Caisse d'allocations familiales permet de rétablir l'électricité.
• Hiver 1989-1990 : des jeunes pénètrent au domicile de M. et Mme D. et s'emparent du peu d'argent qu'ils ont encore. Mme D. est emmenée d'urgence à l'hôpital, suite à un accident cardiaque provoqué par cette intrusion. M. D. est à plusieurs reprises agressé dans la rue par des jeunes qui cherchent à le détrousser. Il a peur. La fille de 7 ans, elle aussi, est rackettée par d'autres enfants sur le chemin de l'école. Heureusement, I'arriéré d'Allocation personnalisée au logement leur est enfin versé. Toutes les dettes à l'égard des HLM peuvent être remboursées. Désormais, I'APL devrait couvrir le montant du loyer.
• Printemps 1990: M. et Mme D. apprennent que la famille d'accueil chez qui est placé leur fils de 13 ans a déménagé sans les prévenir. Ils exigent de la DDASS de connaître cette nouvelle adresse.
Le psychologue qui suit leur plus jeune fille les informe qu'il cesse ses prestations parce que la Sécurité sociale n'a pas renouvelé la prise en charge. Mme D. entreprend, seule, les démarches nécessaires pour que la prise en charge reprenne, ce qui adviendra en juin. Ce même mois, le juge des enfants autorise le fils de 13 ans à revenir les week-ends chez ses parents. Une représentante de la DDASS rend visite à la famille lors d'un week-end. Cette visite est ressentie comme un contrôle abusif - avec des questions sur les filles, alors que la mesure d'AEMO les concernant est levée depuis plus d'un an - et comme un véritable réquisitoire de tout ce qui est reproché aux parents. Au lendemain de cette visite, M. et Mme D. sont complètement démoralisés.
• Été 1990 : Mme D. est convoquée chez le juge des enfants, mais elle ne peut s'y rendre en raison d'une entorse. Un certificat médical est envoyé. De multiples démarches sont entreprises auprès de la Caisse d'allocations familiales qui a interrompu le versement de l'APL pour déficience d'une pièce justificative - d'où plusieurs mois de loyer impayé - et qui n'a pas encore affecté un prêt pour le remboursement de dettes à EDF - d'où coupure le jour de la rentrée scolaire.
• Automne 1990 : M. et Mme D. ont réussi à faire inscrire leur fille aînée dans une école privée du quartier, malgré leurs faibles ressources (4 300 F par mois), pour qu'elle puisse apprendre dans de meilleures conditions. Début novembre, ils reçoivent une lettre d'un assistant social qui les avertit de sa visite dans le cadre d'une mesure d'AEMO prise par le juge le 2 juillet 1990, suite à un rapport de l'Aide sociale à l'Enfance disant que les filles sont perturbées par leur milieu familial. C'est la consternation. « on ne croit pas que nous sommes capables de voir quels sont les problèmes, et que nous cherchons des solutions. Nous ne sommes pas respectés. »
Ce qui arrivait il y a quinze ans est quotidien aujourd'hui. L'AEMO est une nuisance sociale, avec la bénédiction des juges pour enfants qui la prononcent... c'est la justice à la Outreau qui continue et la nuissance des services sociaux qui se répand... Cet exemple n'est qu'un cas parmi ceux que j'ai lus... Et ce n'est pas le plus monstrueux... J'en reparlerai!
Ce sont toujours els enfants qui morflent!
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