25 février 2006
Le livre de Monelle
Le livre de Monelle est une lecture splendide. Ca ne ressemble pas à ce qu'on peut lire d'habitude. Marcel Schwob a créé quelque chose d'itime, d'incantatoire parfois. Et ça se trouve sur le net: on peut le trouver, avec d'autres sur le site consacré à MArcel Schwob (cf: liens).
Schwob a accusé ide de s'être inspiré de son étonnant ouvrage pour Les Nourritures Terrestres... Ce n'est pas impossible.Il me semble cependant que Monelle est plus tendre, plus forte peut-être...
Ca commence par l'évocation de la prostituée que Bonaparte rencontra, un de ces textes curieux qu'écrivit le futur empereur, si jeune, encore si jeune... Puis Thomas deQuincey, des femmes , de hautes solitudes... D'étranges moments, des forces comme magnétiques qui parsèment l'ouvrage et quis se contredisent... Au passage quelques petites choses, sur le bord du chemin, qui pourraient évoquer les sentences mystiques si avides de vides qu'elles sont pleines de sanies:
Ne descends pas cueillir les fleurs le long du chemin. Contente-toi de toute apparence. Mais quitte l’apparence, et ne te retourne pas.
Ne te retourne jamais : derrière toi accourt le halètement des flammes de Sodome, et tu serais changé en statue de larmes pétrifiées.
Ne regarde pas derrière toi. Ne regarde pas trop devant toi. Si tu regardes en toi, que tout soit blanc.
Ne t’étonne de rien par la comparaison du souvenir ; étonne-toi de tout par la nouveauté de l’ignorance.
Étonne-toi de toute chose ; car toute chose est différente dans la vie et semblable dans la mort.
Bâtis dans les différences ; détruis dans les similitudes.
Sauf que le sens est autre, plus âpre, plus clair, plus fort... Et qu'une histoire se passe... En attendant la suite. Mais c'est en fin d'ouvrage que le récit décide de parler en fin de l'apparition de Monelle:
Je ne sais comment je parvins à travers une pluie obscure jusqu’à l’étrange étal qui m’apparut dans la nuit. J’ignore la ville et j’ignore l’année : je me souviens que la saison était pluvieuse, très pluvieuse.
Il est certain que dans ce même temps les hommes trouvèrent par les routes de petits enfants vagabonds qui refusaient de grandir. Des fillettes de sept ans implorèrent à genoux pour que leur âge restât immobile, et la puberté semblait déjà mortelle. Il y eut des processions blanchâtres sous le ciel livide, et de petites ombres à peine parlantes exhortèrent le peuple puéril. Rien n’était désiré par elles qu’une ignorance perpétuée. Elles souhaitaient se vouer à des jeux éternels. Elles désespéraient du travail de la vie. Tout n’était que passé pour elles.
En ces jours mornes, sous cette saison pluvieuse, très pluvieuse, j’aperçus les minces lumières filantes de la petite vendeuse de lampes.
Parler oincidemment des onze soeurs de Monelle nous mène en grand voyage! Voici lce qui commence la "Voluptueuse":
– Terrible, ça, dit la fillette, parce que ça saigne du sang blanc.
Elle incisait avec ses ongles des têtes vertes de pavots. Son petit camarade la regardait paisiblement. Ils avaient joué aux brigands parmi les marronniers, bombardé les roses avec des marrons frais, décapuchonné des glands nouveaux, posé le jeune chat qui miaulait sur les planches de la palissade. Le fond du jardin obscur, où montait un arbre fourchu, avait été l’île de Robinson. Une pomme d’arrosoir avait servi de conque guerrière pour l’attaque des sauvages. Des herbes à tête longue et noire, faites prisonnières, avaient été décapitées. Quelques cétoines bleues et vertes, capturées à la chasse, soulevaient lourdement leurs élytres dans le seau du puits. Ils avaient raviné le sable des allées, à force d’y faire passer des armées, avec des bâtons de parade. Maintenant, ils venaient de donner l’assaut à un tertre herbu de la prairie. Le soleil couchant les enveloppait d’une glorieuse lumière.
Surprenant, isolite, le Livre de Monelle mérite le détour. Je le savoure parfois, par petits bouts, je le relis avec souvent un peu de stupeur: cette tendresse rêtive demeure douce-amère...
Schwob, fier lecteur et traducteur, admirait Stevenson. Et l'on peut penser à l'incroyable cruauté de L' ile au Trésor, implacable chef d'oeuvre, avec un personnage unique ou presque, Long John Silver. Et, bien sût à Mark Twain, avec les grandes angoisses d'Huckleberry Finn et l'ombre d'Injun Joe: cette subtilité que des films ont trahie se retrouve, "à la française", comme un jardin, ordonné, vertigineux mais qu'un grand vent décoiffe!
Et, super extra-bonus, pas vu à laTV, offre spéciale affaire! Incroyable mais vrai! Estce bien raisonnable? Gros lot superfab', extra-super olpif et carrément astap':
Marcel Schwob, contrairement à toute (ou presque) la littérature pour la jeunesse actuelle, ne prend pas les enfants pour des cons! Etonnant, non?
Bon, Ecoutez bien, je répète, je sais que c'est dur à envisager, qu'on a du mal à y croire:
Marcel Schwob, contrairement à toute (ou presque) la littérature pour la jeunesse actuelle, ne prend pas les enfants pour des cons! Etonnant, non?
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