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orlando de rudder
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20 janvier 2006

Georges Darien en pleine gueule

Le Voleur, Georges Darien (1862-1921) déclare que les hommes sont: ... des esprits désespérés et malsains d'enfants captifs, ravagés de songes de désert, de rêves dépeuplés et mornes. Hé oui, ça commence bien: Voilà le peuple " d'en-dedans", un désert dépeuplé, un rien qui vaille fiévreux... MAis Darien a fait mieux, c'est-à-dire bien pire: Ecrivant dans L' En-Dehors, avec Zo d'Axa, il a dénooncé le système militaire et, dans LE Voleur, écrit un merveilleux conte tenant du témoignage, ou le contraire. Conte? Ou fable, je ne sais. Mais sans morale unique. Sans certitude. En vérité, quoi... L'éducation du voleur? Une morale stricte: Ne ronge pas tes ongles car ils sont à toi. Si tu aimes les ongles, ronge ceux des autres. Darien, évidemment, était un familier de la misère. Il sait en parler en vrai indigent, en non-esir, en non-présence de soi en soi. Il sait qu'elle rend moche et qu'il faut souvent mordre la main qui vous nourrit. Vous humilie. Vous rend indigne et l'est aussi! C'est la révolte du vrai Boudu. La vérité: pas de calme, pas de zen: de l'humanité, et non la fin désirée de son histoire personnelle dans un satori bien plus égoïste que ce qui suit: Je n'aime pas les pauvres. Leur existence, qu'ils acceptent, qu'ils chérissent, me déplaît; leur résignation me dégoûte. A tel point que c'est, je crois, l'antipathie, la répugnance qu'ils m'inspirent, qui m'a fait devenir révolutionnaire. Je voudrais voir l'abolition de la souffrance humaine afin de n'être plus obligé de contempler le repoussant spectacle qu'elle présente. Je ferais beaucoup pour cela. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à sacrifier ma peau; mais je sacrifierais sans hésitation celles d'un grand nombre de mes contemporains. Qu'on ne se récrie pas. La férocité est beaucoup plus rare que le dévouement. Mais qui comprendra ça, aujourd'hui, maintenant? La misère n'est pas décorative. LEs pauvres sont dégueulasses. Vraiment.PArtout. Ames de harengs pourris... Foutez la paix aux pauvres: on n'est pas du même monde!!!! Darien l'avait compris. Et c'est inacceptable!!!! Pour qui? En véritable anarchiste, Darien écrivit dans un périodique nommé L'ennemi du peuple. . Encore du bel inacceptable: Qu'est-ce que le Peuple? C'est cette partie de l'espèce humaine qui n'est pas libre, pourrait l'être, et ne veut pas l'être; qui vit opprimée, avec des douleurs imbéciles; ou en opprimant avec des joies idiotes; et toujours respectueuse des conventions sociales. C'est la presque totalité des Pauvres, et la presque totalité des Riches. C'est le troupeau des moutons et c'est le troupeau des bergers. (...)Au delà du peuple, il y a les Individus, les Hors-Peuple. (...) La haine de l'Individu pour le Peuple devrait être entière, constante Tout est dit!!!! Et ça va plus loin qu'on veut bien le penser!!!! Dans sa vie, Darien pratiquait parfois ce que d'autres appelleraient bonté. On ne peut pas tuer tout le monde. Ce serait trop de boulot. Et c'est la cause de notre malheur!!! Tout irait beaucoup mieux si les gens cessaient de voulir être bon: l'essthétique de la charité c'est de la décoration. Il suffirait de l'assumer! André Breton, le père de l'embourgeoisement de DADA, écrivit ,à propos de Darien, cette béatitude, savoureuse comme un gnon sur la gueule d'un saint : "un cœur trop grand et trop bien battant pour ne pas heurter en tous sens les parois de la cage" . Pauvre Breton!!! Darien? S'il ne s'agissait que de provocation! Jcqueline MErville écrivit dans LA ville du non, cette bluette ardente: Je n'aime que les boues insoumises. Si la vérité pouvait être pure, ça se saurait!!! Bon, par pure méchanceté, aussi teigneuse que gluante, l'oeil torve, la mèche grasse, je vous livre ci-dessous un article de Rémy de Gourmont sur Biribi, de DArien, un joli petit voyage dans les bagnes militaires, une promenade chez des soudards peu amènes: Ce livre apporte à qui l'ouvre d'effroyables sensations, et encore après lecture faite on garde un peu de l'effarement qui suit un très mauvais rêve. C'est, en certains épisodes, d'une intensité de noirceur incroyable. Oui, sous un ciel bleu, ce livre est noir, car le patient, tout à ses haines, l'œil fixé sur les gardes-chiourmes, est aussi un peu hébété, ne sait même pas en quel pays se passe son aventure. — Rien que dans cette obstination à ne pas égarer un seul instant les impressions du lecteur, il y a du talent ; il y a aussi de la monomanie : le livre a malheureusement, çà et là, de trop pamphlétaires allures (et des revendications sociales bien gênantes). Je ne suis pas de ceux qui sont mécontents de l'écriture de ce livre : plus soignée, elle aurait peut-être adouci, par des bigarrures d'art, les infernales violacités qui luisent au-dessus de ce cimetière. Car c'est un charnier — du moins moral — que Biribi. Il paraît qu'on a dû couper telles pages attentatoires à notre candeur : il en reste assez pour offrir un aperçu de vices qu'on ne voit que là — et dans la Bible. Rémy de Gourmont, Les Livres », Mercure de France, avril 1890. Il est des musiques qui sont comme du poil à gratter dans els oreilles et des lectures aussi délicieuses qu'une carie dentaire! Le besoin s'en fait g"énéralement ressentir! Hourrah, cornes au cul, vive le Père Ubu!!!
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