25 octobre 2005
Photo de mariage
Photo de mariage.
Cet appareil fautif muni d’un abjectif permet tous les réglages de distance faux-cul. Abreuvé de gros-plans, il nous saisit alors qu’on buvait du champagne. Après avoir tiré, il n’eut pas de recul. C’est un réflexe de canon. Une chambre noire, ça ne tue pas : la vie s’en charge à petit pas.
Les époux peu sincères se mariaient convenable.
Ils ont dit « Oui », splendeur ! Le zénith recula devant le flash brutal.
Grand sourire des époux, pose un peu crispée, lumière emprisonnée, cellule trop cruelle.
La photo a jauni, de durée assaillie : le temps passe, et s’érode le stock des sentiments rassis. Ce zeste d’îcone orne un vieux buffet de famille désunie : on a tué l’oiseau enfermé dans la boîte. La passion convenue est une lubie telle qu’elle révèle une vie triste à chialer tout seul. Divorce et partage : part à l’ex, aux aquêts, qui n’a faute prend le reste : soupière de faïence, portrait de son père, les couteaux de cuisine, pêle-oignon et fiche-ail, douze verres de contact et le plat de lentilles
En signant un registre, un imposant rollet, l’amour s’est condamné : il n’a pas duré plus qu’un temps d’exposition. Sous le Code, l’Acte. Deux noms tracés, ne disent pas « je t’aime » : écriture dérisoire ; c’est la faute aux graphies.
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