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orlando de rudder
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29 septembre 2005

Saussure: le mot manquant!

Saussure et le mystère du mot manquant. L’harmonie règne depuis trois siècles dans cette belle propriété de la Tertasse, près de Genève. Là, des générations de Saussure ont célébré l’amour du savoir, l’aventure de la connaissance. Là s’éparpillent les souvenirs montagnards d’Horace-Benedict de Saussure qui gravit le Mont-Blanc, comme les instruments du cabinet de physique du très savant Raymond de Saussure. Dynastie d’assoiffés de science, les membres de cette illustre famille s’illustrèrent, depuis belle lurette dans la conquête du sens de la vie, de la vie, du sens… Pourtant, rien ne semblait subsister du plus célèbre d’entre eux. Certes, son portrait en jeune homme trône à bonne place. Mais aucun témoignage plus spécifique ne se trouvait là : écrits sans importance, objets divers, tout au plus, attestaient de sa présence. Son enseignement, parole uniquement, paraissait n’exister que par l’oreille des autres. Son célèbre Cours de Linguistique Générale n’est pas de sa main. Pire, il fut « bricolé » par le soin attentif de disciples : Charles Bally et Alfred Séchehaye qui n’assistèrent pas à ses cours. Patiemment, ces deux fervents rassemblèrent les notes de plusieurs étudiants afin d’établir un corpus cohérent. Vaste programme, difficultueux s’il en fût. Qu’importe : ce travail effarant, cette compilation scrupuleuse constituait, jusqu’à naguère, LE livre, le « CLG », la pensée même de Saussure, encore iconoclaste, encore révolutionnaire, toujours fondatrice. Mais, selon l’expression de Claudine Normand , il s’agit là d’un « livre nommé Saussure », et non d’un ouvrage composé par lui-même… Voici qu’un beau jour de 1996, Charles de Saussure, avocat de son état, petit-fils de Ferdinand, s’attarde dans l’Orangerie de la Tertasse, ouvre un placard et découvre des liasses de papiers poussièreux. Tels la Lettre Volée d’Edgard Poe, les textes importants du père de la linguistique se trouvaient tout bonnement chez lui. Cette découverte est extraordinaire. D’après Simon Bouquet , elle révèle un Saussure assez différent de l’image qu’on a voulu s’en faire : Il aurait « thématisé le vertige », plutôt qu’asséné des certitudes…Ces textes retrouvés, toujours selon Simon Bouquet permettent de corriger certaines distorsions à propos du premier des linguistes, voire même des contresens . Des travaux sont en cours, des publications voient le jour... Saussure, grâce à ces textes retrouverait sa vraie dimension qui accorde une placde primordiale à la recherche, à la quête du sens… Saussure, jamais figé, ni même « systématique », alors même qu’il a hypostasié la notion de système, ne se montre pas « scientiste », comme certains ont voulu le faire croire. Une orientation « logico-grammatisante » aurait infléchi sa pensée, plus riche, plus vaste qu’on a bien voulu le croire. Le structuralisme déssécha quelque peu son héritage en constituant- le rêve cognitif et positif des nouvelles disciplines lorgnant vers le modèle des sciences dites exactes, erreur fondamentale qui perdure… L’étude de phénomènes reproductible en laboratoire « tout étant constant par ailleurs », par son artificialité même ne peut découvrir que ce qu’elle cherche. La messe de l’expérience, nécessaire, indispensable, n’est que confirmation. Cet appareil méthodique ne peut s’appliquer qu’à certains phénomènes. De plus, se servant du code mathématique, il n’utilise qu’un langage restreint. Tel est la grande misère de la science : se voir obligée de mutiler la langue, de l’amputer du sens pour grapiller des connaissances partielles qu’il faut ensuite relier difficilement par une épistémologie laborieuse en vrai langage complexe… Les sciences humaines naquirent ainsi, et s’amoindrissent en cherchant d’autres modèles qu’elles-mêmes. Le Saussure révélé par ces « nouveaux » textes risque fort de dérouter, de bousculer des certitudes. Ces papiers seront publiés en 2002 dans la Bibliothèque Philosohique des Editions Gallimard. Et, selon Simon Bouquet, il importe que cette parution se fasse dans une collection vouée à la philosophie… Mystérieux papiers trouvés… cette découverte quasi miraculeuse n’empêche pas que subsitent d’autres mystères. Saussure nous invite lui-même à l’aventure du sens et en pose l’énigme. Parfois même d’une façon abrupte. Qu’on en juge d’après cette note autographe reproduite par Claudine Normand : Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte de ce qu’est le langage ne conduise à douter de l’avenir de la linguistique. Il y a disproportion pour cette science entre la somme d’opérations nécessaires pour saisir rationnellement l’objet, et l’importance de l’objet, de même qu’il y aurait disproportion entre la recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et L’ (…). Cette note s’arrête là. Interrompue, inachevée, elle se clôt à jamais par un L majuscule suivi d’une apostrophe. Mais peut-être avez-vous une idée ? certes, il serait illusoire d’espérer qu’on trouvera la fin de cetre phrase telle que Saussure l’aurait écrite. Mais pourquoi ne pas imaginer, pourquoi ne pas nous lancer, nous aussi, dans les avenues du sens ? Nous publierons et récompenserons les hypothèses les plus ingénieuses, les plus cocasses, les plus inventives. Voire les plus délicieusement improbables… Orlando de Rudder. (on trouvera sur le web tous les renseignements disponibles sur Simon Bouquet et Claudine Normand).
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Commentaires
P
De Saussure jamais nous ne sommes lassés !
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