LA jouissance raciste,répugnante, certes, a son utilité: elle permet de s'éloigner de celui qui la manifeste en ronronnant d'une façon obscène en se satisfaisant de sa propre turpitude. Elle participe du plaisir imbécile et primaire de la rupture complaisante des tabous. Ainsi ressemble t-elle à la mode pénible des bourgeois encanaillés qui parlent argot ou comme des charretiers par bravade ou pour avoir l'air "cool". Elle peut mélanger vraie hypocrisie et fausse sincérité avec leurs contraires car elle est un vrai-faux cynisme. Ca pue la mort.

Il s'agit évidemment, sur le mode plaisant de proférer des propos inacceptable sur un ton badin ou enjoué.On insulte le Noir, le Juif (mais ce n'est plus seulement un truc de Blancs goyaves), on loue Hitler en se marrant gras. L'enjeu est complexe, car cette jouissance demande une demi-sincérité gluante: en fait, on dit souvent ce quon pense un peu, mais pas tout à fait: C'est le propre des mous de l'âme, des flageolants de la raison, de ceux qui n'osent pas prendre parti ou se regarder en face. Et des petits salauds mesquins comme des piètres de la droite mollassonne. Et ça donne une bonne satisfaction veule de diarrhée finissante.

On se marre! On se marre: c'est le rêve des vies plates! Se marrer! Ne jamais rire, c'est trop beau: Préférons se marrer! Oui, on se marre vulgos et craignos en mesquin assidu, en petit pouacre hideux en prenant un panard à nul autre pareil, en bavant de plaisir un peu comme Fourniret quand il voit une gamine. On est bien, dégueulasse, on a le fiel baveux. Ah! Putain que c'est bon de dire des saloperies, d'exprimer un peu de soi sans risque puisque "Je rigole"... En sous -entendant que c'est parce qu'on n'est pas raciste qu'on raconte des blagues racistes, qu'on tient des propos racistes et qu'on répand la "bonne parole" raciste répugnante et l'idéologie outride de la crasse affective la plus visqueuse.

LE discours va de l'avant,mastoc: "Je ne suis pas raciste! La preuve, je raconte des trucs ignobles sur les Nègres, y en a des bien, ce qui monte bien combien je suis un esprit ouvert, sympa, vachement marrant et qu'il faut m'apprécier, m'aimer sous peine d'être un plouc".

Et celui qui s'insurge est convaincui de n'être qu"'un "imbécile primaire" qui n'a rien compris, qui ne voit pas le second degré, une brute obtuse.IL faut apprécier ces horreurs! C'est la rigolade obligatoire malsaine, vulgaire, ignoble de réels racistes gênés!

Ah! Quelle belle jouissance bilieuse, quelle épiphanie cradingue pour vidangeur épanoui dans la fange: La jouisance raciste hypocrite est devenue une institution chez certains chansonniers. Elle permet, à bon compte de faire rigoler les groins qui rigolent, de toute façon dès qu'un chansonnier parle. Ce qui permet de vivre une vie plate, sans émerveillement, sans enthousiasme, sans amour avec une mentalité genre "on ne me la fait pas" et une sepiternelle déprime de serpillière anémique ou de balais à chiottes trempé dans les coagulations des camps de la mort...

Car on fit aussi des blagues sur Hitler! Poilant! On montre ainsi la fascination morbide que le Führer exerce encore sur les esprit craspec,les Séraphin Lampion du coeur, les débiles affectifs qui renforcent leur jouissance raciste en y ajoutnt l'émice moisie de l'ombre du salopard! Mais bien sûr, on ne parle pas de Staline ou de Pol Pot! Ah! Hitler! On se poile! Ah! La vache, comme c'est marrant! Et la médiocrité, revenant à l'angoisse primordiale, déferle encore, obsessionnelle sur ce qui la crée... On se marre, on ne pense plus. On se marre! Putain, Hitler! Quelle rigolade! Seulement voilà: la bête immonde n'est pas loin. Et l'on devine facilement que ceux qui se complaisent dans les blagues sur Hitler ne sont pas très sains...

Vrai faux cynisme, authentique ignominie... Il s'agit toujours de se dédouaner, de se rendre acceptable alors qu'on sait, en soi, n'être qu'un mufle, un pouacre, un groin, un moindre soushypoinfrasublambda incapable d'aimer, mais qui se marre! Qui se marre en disant tout haut ce qu'il pense bassement!