L' appel de la perfection.

l Un jour mon père m'a dit: Le désir de performance tue l'appel de la perfection. Ce fut comme un réveil strident. Des trompettes lumineuses. J'étais si jeune. Analphabète de ma propre présence. Oui, j'ai senti mes côtes comme une cage,une prison. Mon coeur cognant à l'intérieur pur briser les barreaux. Afin qu'il s'en sorte enfin sous la forme d'oiseaux rares. Biscornus, peut-être. Incongrus, pour sûr. Je ne connais rien de leur chant. Il y a quelquefois des musiques qui se taisent. Mon père avait dit ça, avec sa bonhommie, sa tendresse. Cette intelligence-là qui est du pur amour. Sans doute était-il fou dans une raison joyeuse. Et dans ses mots terrible qui me hantent toujours. Bienveillant, mon papa...Mais il ne savait pas, à moins qu'il y ait plus, un désir forcené de plus hautes vertus, ce que ça me ferait d'avoir entendu ça. Depuis je vis ainsi des forces importunes. Je pense à autre chose et la distance permet l'amusement sans doute, mais l'inquiétude aussi. Je ne la trahirai pas. Je voulus être parfait. Mais ça fait du boulot. Ma sévère paresse a su me l'interdire. Elle n'est pas si bête: je fais toujours la sieste bien avant la vaisselle. .Tout en étant présent, ô combien et si fort, tout en étant moi-même par ces mots de mon père, je ne suis pas ce que je suis, je ne suis pas de mon avis, je ne sais pas ce que je vis: c'est ma vérité grande; un amour malpoli qui s'articule aux choses avec un grand guingois. Notez le point-virgule, il est devenu rare. .