Hourra!
Il me faudrait de l'autre et m'altérer l'autrui
Du distinct non pareil en miroir incongru
Ce qui ne dit pas non lorsque je dirai oui:
Mais hourrah, corne au cul, vive le père Ubu!
Il n'y a pas un chat dans l'horizon désert
Les journées se défilent comme on aurait pas cru
Regardons nos visages dans la journée dernière.
Mais hourra, corne au cul, vive la Mère Ubu
L'oisillon s'égosille en ritournelle flasque
Je préfère la radio avec ses haut-parleurs
Musiquette à gogo abrutie et fantasque.
Mais hourrah, corne au coeur, vive le Persifleur!
Perdre un chat n'est pas mieux que si c'est la raison
Etre fou mérite qu'on en sache l' histoire
Océans, Amériques: explorons à foison.
Mais hourra, corne en poire, vive la mer à boire!
A force de roucouler y' a de la gorge en feu
Et de l'inhalation car tout ce qui glottore
A l'agmydale rouge et l'autre n'est pas mieux!
Mais hourrah, cornes au corps, vive le Pérubore ®!
Par angine efficace j'aurais perdu la voix
Souffle-cul, souffle-coeur, l'un et l'autre s'enchaînent
Voici la raucité d'un old blues de Harlème:
Mais hourra, poil à l'aine, vive l'Américaine.
Chanson des gueux et même chanson du dégueulasse,
L'oiseau perdu mourra comme un très vieux temps
Car un rural armé s'en ira à la chasse
Mais hourrah, cornes au sang: Vive le Permanent!
Le chat qui est perdu sera tudé, macache
Par le fusil puissant qui tonne pour de bon
Buvons, ça nous console, empêchant qu'on se fâche!
Et, hourrah, corne au con, vive l'amer-Picon!
Cessons de nous repaître du doux chant de nature
Nos gueules regardent trop, noyons-nous: qu'on écope
De la bière automnale dans la nef immature!
Mais hourrah, cornes en chope, vive le Périscope!
Le navire insensé n'a pas besoin d'ivresse,
soyons reconnaissants d'avoir perdu tout lien
Avec la servitude du réel de mes fesses!
Mais hourrah, corne au sein, vive la merci bien!
L'horloge est tâtillonne: convenons de s'en foutre,
Car l'ultima nequat aucun bonheur n'efface
On se remplit d'alcool, neuves ou vieilles outres...
Mais hourra, corne en face, vive le Perspicace!
Par l'autrui je veux dire outre-sens et miroir
Fourmillement précis absolument très tel
A lécher en poissant, langue de tamanoir.
Mais hourra, poil à l'aile, vive la mère Michel!
Voilà dans la saison un régal amirable
Buvons la coupe austère du malheur dévolu
Coupons le bois chauffant pour dégeler le râble
Mais hourra, corne au cul, vive le Père Ubu!
On a beau ne rien dire on n'en pense pas moins!
Ratiocinons encore l'appel du chat perdu
Et le cerveau poisseux renifle comme un groin.
Mais hourrah, corne au cul, vive la Mère Ubu!