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orlando de rudder
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20 novembre 2009

Molière, bourgeois en révolte.

Molière en son temps

Molière et son théâtre me semblent bien représenter un état de la société et proposer des allégories sociales. Le bourgeois gentilhomme, est-ce lui? Est-ce ce qu'il aurait pu, voire dû devenir? Non pas seulement lui, mais un grand nombre de fils de la bonne bourgeoisie de son temps. Son père acheta une charge de tapissier du roi et une autre pour son fils. Ensuite, il lui fit poursuivre de très solides études. Molière devint avocat, s'inscrivit à je ne sais plus quel barreau et se lassa vite. Pour "faire l'artiste" d'une façon qui nous semble moderne et se déclasser ("névrose de classe"? selon le titre de l'étude nécessaire de Vincent de Gaulejac qui traite pourtant de notre époque!!!).

Bref, le "projet social" commun à bien des familles de la petite bourgeoisie de l'artisanat (menuisiers, tapisiers,e tc), en contact avec la noblesse qu'elle fournissait, en prenait les goûts et développait des stratégies d'accession sociale. Dès lors, un fils comme Molière constituait l'un des maillons de l'élévation falmiliale: on achetait une charge, on faisait des études, on devenait magistrat ou officier, le tout se couronnant, parfois sur deux ou trois génération, par l'achat d'un titre nobiliare ou son obtention pour bons et loyaux services... Les "Bourgeois gentihommes" furent nombreux... Et Molière aurait pu devenir l'un deux: c'était un destin possible... et sans doute souhaité par son père.

L'art de Molière est souvent pétri du refus de l'accession, de la distinction. L'accession sociale comprenait la fréquetation des grands et des salons. Il fallait s'y faire admettre.   Et, alors même qu'il aurait dû apprécier ls Précieuses, femmes exceptionnelles dont beaucoup ont laissé un nom dans l'histoire des idées et de la littérature, il a repris son sens bourgeois de la dérision pour donner un chef-d'oeuvre, certes, mais qui allait à l'encontre des idées professées par ceux qu'il fréquentait, comme Gassendi. Sns doute se sentait-il intimidé par ces femmes brillantissimes, intelligentes et belles, sans doute se sentait-il socialement et culturellement "inférieur" d'où cette rancoeur un peu poisseuse...On n'est pas loin de Jack London si j'ose cet anachronisme et de MArtin Eden fréquentant une classe "supérieure"...voire d'Edouard, le héros du très grand roman du même nom (et non "éponyme", (ceci juste pour faire voir que je sais) de Duras (Claire, Duchesse de Duras). La jalousie sociale est là. En général elle est néfaste...

Cet aspect social dans l'oeuvre de Molière, bien transposé par l'art est assez peu montré. Pourtant, il est un témoignage sur une époque de mouvement, de mobilité sociale, de chamboulement assez méconnue, bien que considérée comme un "âge classique". Je ne suis pas partisan de critique littéraire genre "l'homme et l'oeuvre"... Mais l'aspect social de Molière est patent.comme un fils de bourge révolté d'aujourd'hui, il "fait dans l'art" et va vivre en communauté théâtreuse comme les baba-cools de naguère. Cette révolte contre l'embourgoisement précurseur d'ennoblissement vient aussi d'un sentiment d'impuissance... D'où une certaine hargne contre les gens brillants, surtout s'il s'agit de femmes: Molière est fort machiste! Mais il rssemble au héros de l' Illusion comique de Corneille (ce qui n'est pas un argument pour dire que c'est Corneille qui a écrit ses pièces, comme Pierre Louÿs l'affirme suivi d'Henri Poulaille).

La médecine de son temps; elle aussi bougeait.Mais c'est une autre histoire! J'en reparlerai: apogée de la phytothérapie et fort proche de toutes les médecines traditionnelles, elle fut moquée dans un esprit toujours aussi bourgeois, dynamique, certes, mais injuste! Molière, en fait, vilipendait les médecins tradiitonnels, défendant la vielle médecine européenne si proche des conneries ayurvédiques (avis au contradicteurs: je connais le sujet, j'ai même écrit à ce propos après avoir dépouillé les textes...).Mais il montre bien qu'il appréciait les découvreurs, les ezxpérimentateurs en parlant du mépris que ces médecins imbéciles portaient à Harvey, entre autres... Les médecins dont se moque Molière étaient les vieux réacs, comparable à ceux d'aujourd'hui qui refusent les progrès superbes de la médecine moderne!

Molière est peut-être l'un des précurseurs d'un esprit nouveau et ses pièces sont, à mon avis, comme des "reportages allégoriques" sur son époque. Des témoignages outrés, voire un peu révoltés. Voire une "autobiographie du possible non-advenu"! son destin aurait été de devenir avocat, d'acheter une charge comme le souhaitait son père, de "réussir" en vue d'un anoblissement possible... Rien que de commun à l'époque. Mais comme beaucoup de fils révoltés,il a choisi de "faire l'artiste" et de faire chier les vieux. En ceci il est dans le droit fil des existences bourgeoises telles qu'on en a toujours connues. Il y a de la revanche sociale, voire de l'"anarchisme de droite", très léger dans Molière...

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