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orlando de rudder
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25 septembre 2008

Les affres de la Création.

Elle s’avança. Dans sa chemise de nuit blanche. Il préparait le café. Elle sourit, l’air mystérieux. Le soleil brillait. Mais c’était au-dehors. Ca ne l’ennuyait guère et c’est alors qu’elle s’écria : Et si tu me créais ? Quoi ? On dit : « Comment » ! Crée-moi ! Moi ? Qui d’autre ? Mais tu es déjà là ! Ca ne veut rien dire ! Ne peut-il pas y avoir de l’incréé sur terre ? Je ne sais pas ! Tu vois ! Si tu me créais, tu serais Dieu. Mais je ne le suis pas ! Comment veux-tu que je fasse ? Elle prit son air de réfléchir. En fait, c’est pour gagner du temps. A chaque fois qu’elle prenait cet air-là, elle avait déjà décidé… Voici ce qu’elle répondit : Tu créerai d’abord une femme ! Ca commencerait autrement ! Oui, mais je suis un homme ! On a toujours dit que Dieu était mâle. Ca ne me pose pas de problème ! Un homme ? Pourquoi pas ? Crée moi ! Mais comment veux-tu que… Moi, je n’en sais rien, c’est toi, le dieu, pas moi. Et puis tu es un homme : tu as le vrai pouvoir ! Mais ça n’existe pas… il y a l’égalité ! Taratata ! M’en fous ! Facile, l’égalité ! Ca ne sert qu’à s’évite de poser les bonnes questions ! Crée-moi, je le veux ! Mais tu es là, tu existes ! Cette fois, l’écueil était de taille. Exister ? C’et important. Mais après tout, pourquoi cela empêcherait-il d’être créée ? Elle réfléchit vraiment, mais sans en avoir l’air avant de rétorquer d’une voix assurée… trop assurée : Engendrée, non pas créée ! C’est d’un banal ! Je m’en fous d’être engendrée ! Crée-moi ! Mais… Allez, décide-toi, comme un homme… comme un dieu ! Mais je ne sais pas comment on fait ! La Création, ça ne s’explique pas ! Vas-y ! crée, Nom de Dieu ! Mon nom ? Ton nom de Dieu. Crée-moi ! Cette fois, ce fut lui qui se mit à réfléchir ! En voilà une responsabilité ! Créer une femme ! Ce n’est pas quelque chose qu’on décide à la légère. Il tenta de se débiner, comme le font les hommes, quelquefois, alors que beaucoup de femmes croient qu’ils le font toujours (c’est faux) : Je préfèrerai te… Tu ne me baiseras que lorsque tu m’auras créée ! Ennuyeux, ça… Vraiment contrariant. Vite, il fallait qu’il trouve quelque chose, une objection, n’importe quoi… Mais si je te créais, je serais ton père ! Dit-il. Mon Dieu incestueux ! Ca ne va pas… Je ne peux pas ! Alors, tintin, voilà ! Le silence s’installa. Plus lourd que d’habitude. Inquiet, il demanda : Je ne sais pas comment on fait ! Comment il a fait Dieu, je veux dire le vieux Dieu, celui d’avant toi ? Il a soufflé ! C’est dans la Bible ! Sur qui ? Sur de la terre rouge ! Souffle sur moi ! Où ? Où tu voudras ! Là ? Ben voyons ! On ne montre pas du doigt… Alors on en fait quoi ? De quoi ? Du doigt ? Pour un dieu, tu es vraiment con ! Souffle sur moi… Comment ? Comme quand on gonfle un pneu ! Tu n’as pas de valve… Attention à ce que tu vas dire ! C’est vrai, tu n’en as pas ! Elle réfléchit encore, mais avec un sourire. Ce qui lui permit d’affirmer : Dans les marines ! J’ai entendu dire qu’on crée comme ça ! La terre rouge n’a pas de narines ! On s’en fout, puisque moi, j’en ai. Tu n’es pas un pneu. Oui, mais tu es Dieu. Si je te souffle dans les narines, ça ira dans les bronches ! Je ne suis pas enrhumée ! Crée-moi ! Je veux être créée ! Je ne vais tout de même pas rester comme ça ! Je veux être créée ! Par un homme, c’est mieux qu’un dieu. Et puis non : tu es Dieu, je l’ai dit !Souffle-moi dans le nez ! Il s’approcha d’elle. Il souffla. Elle éternua. C’est très désagréable de se faire souffler dans les bronches. En plus, il la pelotait tout en opérant ! Pour un dieu, ça fait… je ne sais pas, mais enfin, tout de même… Et c’est ainsi qu’il la créa. La vie continua, comme avant, avec des hauts et des bas. N’est-ce pas mieux ainsi ?
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