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orlando de rudder
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28 août 2008

Les Ides de mars.

Je republie cette nouvelle qui avait suscité bien des réactions,parfois violentes...Hi! Hi!

Il aimait bien ce restaurant. Elle, pas plus que ça. Mais pas moins non plus. Elle appréciait rarement ce qui lui plaisait, à lui.

- Tu as encore salé avant de goûter ! Dit-elle.

Il ne répondit pas. Il regarda se femme avec un étrange sourire. Elle ne connaissait guère ce sourire là. Elle faillit étendre la main pour lui remettre un peu d’ordre dans la chevelure. Mais elle s‘arrêta. Sans savoir pourquoi… Elle reprit :

- C’est idiot de saler sans avoir goûté d’abord…

Sa voix, elle le sentit, sonnait mal. Elle l’entendit, beaucoup moins assurée que d’habitude. Et lui, sans désemparer, se mit à manger. Il sourit encore. De cet étrange sourire qui la mettait de plus en plus mal à l’aise.

- Vois-tu, dit-il à forte voix, je sale d’abord pare que ça me plaît. Ensuite, comme je suis tout de même beaucoup moins bête que toi, je sais que, d’habitude, le aliments sont servis peu salés dans les restaurants. Et que ça ne correspond pas à mes goûts. Plutôt que de refaire un test, j’ai mis au point, inconsciemment, le geste utile et nécessaire pour que tout soit salé comme il me convient…

Jamais il n’avait parlé ainsi… Elle le regarda, bouche bée, yeux ronds… Les autres dîneurs les regardaient tous deux. Quelle horreur !

-De toute façon, le fait que je sale ou pas avant de goûter n’est qu’un prétexte ! Il s’agit, pour toi, de me critiquer . D’exercer un pouvoir.

-Mais enfin, que …

- … Comme quand tu me passe la main dans les cheveux, comme à un gamin…Les gamins détestent, d’ailleurs… comme aussi quand tu rajuste mon col.. Mes cheveux sont à moi. Et je n’aime pas tous ces petits gestes de possession qui te rassurent, toi. D’ailleurs, tu es odieuse à toujours me reprocher mes petites manies qui ne nuisent à personne. C’est constant, horriblement vil C’est une atteinte à ce que je suis, ça va avec tes scènes abjectes… 

- Mais…

- Ta gueule ! Ecoute ! J’en ai mare ! Bien sûr, depuis que tu m’emmerdes avec ces histoires de sel, le reproches quotidiens, les scènes, je t’ai trompé régulièrement, par principe.. Il faut que tu le saches ! A ton tour d’en prendre plein la gueule… Mais bon, ça va un moment… Des fois, je suis même allé aux putes ! Il s’agissait de trouver une vengeance à ta mesure, à la mesure de tes mesquineries, quelque chose d’aussi bas !

- Je… 

- Ta gueule te dis-je ! Ca t ‘embêtes, hein, que je parle si fort ! Laisse-moi finir : C’était rigolo, cas adultères, ces putes… Mais ça ne te faisais pas assez mal, puisque tu l’ignorais ! Maintenant tu vas morfler ! Ta mère va jouir de notre séparation…

- Notre… Tu.. ?

- Oui ! Parce que je te largue ! Je m’en vais ! Et saches qu’il n’y a pas d’autre femme dans ma vie ! Ca viendra peut-être ! Quand j’aurai fait le point sur moi-même !

Il e tut. Autour d’eux, les gens se remirent à manger. Il reprit une bouchée dans son assiette. Il la piqua lentement de sa fourchette. Il regarda sa femme droit dans les yeux, mâcha, tranquille. Toujours avec ce sourire.. Elle se mit à avoir peur…Peur de lui ? Peut-être. Mais surtout peu de l’avenir immédiat. De plus, il parlait fort. Sans crier, certes, mais à haute voix, posément, calmement. Et ça faisait très mal à cette pauvre femme… 

Il laissa durer son silence avant de reprendre :

- Quand je serai sûr de ne pas me conduire comme toi, certain de ne pas m’horripiler des petites manies de l’autre! Certain de ne pas critiquer pour critiquer ! Certain de ne as te ressembler ! Je ne sais pas si je trouverai u non l’âme sœur, mais j’ai décidé que si ça arrivait, je ne la ferais pas chier comme tu m’as fait chier ! Je respecterai, moi…j’aimerai vraiment, sans prendre mesquinement des tas de petits pouvoirs comme on fait dans ta famille de visqueux ! Dès ce soir, tu seras seule. Et je rigolerai en t’imaginant en train de chialer ! Ta souffrance me distrait déjà ! fallait pas ,ma vieille, fallait pas !

- Mais.. Tu veux divorcer ?

- M’en fous ! Je me tire ! Ca fait longtemps que j’ai tout préparé. Mon but est que tu morfles. Que tu soufres enfin. Au maximum. Pas seulement pour moi, mais au nom de tous ceux qui, hommes ou femmes, souffrent de vivre avec des gens horribles comme toi, qu critiquent sans cesse, qui harcèlent… Qui n’aiment pas… Et je jouis deux fois de te voir souffrir: d'abord parce que tu as mal. Et aussi parce que cela est juste et bon! En général! Par civisme!

Elle se leva d’un bond elle vacilla. Elle regarda autour d’elles.. Les gens ! Les gens ! Ils la voyaient ! Ils entendaient ! Ils savaient ! Allait-elle s’évanouir ? Non. Elle prit son manteau, son sac et s’enfuit. Alors, au moment où elle allait sortir, il s’exclama :

- Poisson d’Avril !

Seulement, voilà : on était encore en mars…


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Commentaires
O
Quand on a vécu le harcèlement,,on ne fait pas de cadeaux! PUB: Ce texte est un versant amusé de ce que j'ai écrit dans mon livre"rhétorique de la scène de ménage"!<br /> Très beau,pas cher! Commandez-le à votre libraire!
B
Votre écriture est glaciale.
L
Bravo, vous m'avez fait passer un bon moment : je me suis bien amusé avec cette petite histoire ! De l'humour comme je l'aime. Fiction, et pourtant si vrai...
E
On se rencontre, puis on se rend compte, puis après vient l'heure de rendre des comptes . Inexorablement...
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