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orlando de rudder
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22 juillet 2008

Les romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances


Voici venir le temps

Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances

la pluie déverse des gemmes étroites

Les oiseaux se sont tus : tant mieux, ça fait du bien.

Et les cigales aussi.

Marre de tous ces refrains que l’on dit enchanteurs

La radio matraque de la nature est parfois pire

Que le top 50 qui serine à gogo!

Partout

Dans les cafés, les magasins.

Partout.

Alors je ne veux pas des cigales, des oiseaux

Qui sont pareils aux chansonnettes

Je préfère la pluie qui toque

Et savourer

Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances.

Ils sont pleins de couleurs, habiles et fringants

Juvéniles parfois

Comme des crayons gras, séborrhée qui dessine

L’horizon ou bien pire dans le soleil couchant. 

Je semble avoir oublié.

Les devoirs… 

Je regarde le jardin qui sera tout brouillon.

J’enterrerai un bananier. Faute de tuer l’amertume

Du chant sempiternel des oiseaux à la con

Des cigales idiotes

Et des radios constantes

Pourfendeurs des jardins mes amis, mes lumières

Délaissons les moments pâlichons de l’enfance

Les sinistres tondeuses

Les souvenirs attendrissants

Comme des oiseaux blessés !

Achevons sans tarder

Cette dégueulasse engeance

Et lisons dans la joie

Les romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances

En poussant des cris de plaisir

En ronronnant d’aise

Comme des chats imbéciles :

On n’est pas des radios,

Des cigales, des oiseaux, mais la subtile élite

Des lecteurs émerveillés

De romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances

Sale jardin emmuré tu remues tes ramures

Comme pour dire « oui » et « non »

JE lis, ça semble louche.

Comme un tas de voleurs dénoncés par une voisine jalouse.

Mais je respire sans oiseaux.

Sans cigales.

Sans voisines.

Une lumière trop blanche inonde les rayons de la bibliothèque. Je sais lire sous la pluie.

Voici venir le temps

Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances

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