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orlando de rudder
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31 mai 2008

Les poèmes à oublier par coeur.

Il m’arrivait parfois, les jours humeur fantasque, d’acheter de vieilles odes dans des livres pourris des opuscules marqués par d’anciennes coulures. Des humidités de cave et des traces de rats. Racheter des poèmes qui ne valent pas un clou. Des éditions jaunies chez l’auteur, un bourgeois. Ou un va-que-je -te-pousse à la vie désertée : la cruauté du monde, c’est bien fait pour sa gueule.Car souffrir sans souffrir est un don de soi-même. Sans cela on écrit de fauses gueules de poèmes. Et on a l’air de soi, surtout quand on n’est rien que celui qui se croit encore plus moins que rien. Et qui veut en sortir par quelques bouts-rimés au sérieux ridicule.

Oui, j’ai longtemps aimé racheter des poèmes, des sales nuées d’étoies, des vivacités rances et bien trop apprêtées. De versifications de banquets de mariage qui n’ont jamais percé l’apparence des choses, n’ayant vu qu’un reflet de leurs contrefaçons. Parfois, l'espace de la page ressemble à un mur. Le poème ne se veut même pas graffiti. Il manque un peu de sang, trace d’un fusillé qui serait mort un jour près de phrases imbéciles. Et l’impact de douze balles qu’on prendrait en pleine gueule.

J’étais encore pétri d’une digne indulgence. Et je croyais trouver, un jour sans voloté, quelque chose d’inouï, des diaprures, des stridences, ou des silences qui brûlent comme du pain grillé. Tout me semblait parfois aussi beau qu’une erreur décisive ou fatale. Il s’agissait souvent de désespoirs pâteux ou de gands amours qui rouleraient les « r ».

Tous ces gens, vrais poètes, s’ils avaient voulu voir, eussent déchiré leurs temps en exprimant la honte d’être simplement là, le front vierge d’étoile, quand on aimerait tant qu’elle vous marquât à vif. Bordel de troisième œil ! Ca fait mal comme un clou ! Comme si, femme mariée d’une Inde d’opérette, on se brûlait sans fin sur des feux de veuvage !

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