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orlando de rudder
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27 février 2008

Village

Ce village, comme tant d’autres, exhibe à tout venant sa volonté de durer. Il y insiste, rassis, solide et ses maisons se serrent aussi bien que des dents. Cette solidité m’a toujours paru lamentable. Par chance, la guerre ou d’autres morts, a laissé quelques ruines qu’on ne rebâtira pas. Le temps pour cela c’est montré libéral, rompant l’éternité factices des pierres ancestrales aussi laides que les histoires qu’on ne raconte plus qu’à voix basse : Héritage, coucheries, vieux qu’il a fallu tuer, morts suspectes et secret connus du seul curé. Ici, on accepte le silence. Ailleurs, c’est parfois malpoli. On éteint les chandelles aussitôt que possible. En ville on sort le soir, on boit, on trousse les filles, on se bat et l’on mange même si la lune est là. Les gens montrent des trognes grotesques, comme sculptées par le vent, selon qu’ils logent sur l’ubac ou sur l’adret : ils ont la gueule en coin, mais pas dans le même sens. Ici ? c’et un lieu pour vieillir, pour mourir à son tour d’il n’y a pas la guerre, s’il n’y a pas la peste pour nous apprendre à vivre en nous tuant trop vite. Quand on laisse faire le temps, même les libellules volent beaucoup trop bas. On s’arrange une vie bien tranquille : le vin n’et pas mauvais. Si les femmes sont laides, on n’y peut pas grand-chose. Les belles, seule, s’en vont : elles connaissent la chanson. On gémit sous des jougs parfois imaginaires. Le tout est de gémir, mais on ne se plaint pas. C’est ce qu’on dit souvent. Et que l’on croit parfois. Faute de guerre, d’épidémie, on livre des combats terribles sans ennemi. On s’abrite à l’église qui parle à demi-mots.
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