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orlando de rudder
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5 janvier 2008

Holy be the cross-eyed bear, ou l’illusion du bonheur est un enfer tranquille (histoire méchante)…

Il avait vécu durant quelques mois sur un grand bâtiment d’eau, comme une haute vague, un iceberg d’errance à photographier nu. Sauf que, pardon : le froid ! Le bois du vieux bateau s’était imprégné de mer, de sel, d’étoile et de désespoir : le travail était dur et le froid trop brutal. Un nuage en forme d’os de seiche fondit. La pluie fut dégueulasse, perçante, froide, visqueuse. Et glaçant jusqu’au foie ! Ce fut en plein cœur d’un hiver favorisant l’alliance. Les gens du bord se resserrèrent les uns contre les autres mais pendant ce temps-là, la pêche n’avançait pas. Pardi, on avait chaud ! C’est une tâche à froid ! Il y eut du sexe entre hommes et des encouragements. De la jalousie brute et des envies sournoises. Un meurtre ou deux peut-être furent commis, n’en parlons plus, tant pis. Même s’il est passionnant, ce chemin du couteau dans l’épiderme transi, perçant le derme froid, insidieux, insistant, jusqu’à trouver enfin la chaleur d’un viscère que l’on crève, effraction, pour installer la mort ! Et le sang bien chaud qui se met à geler, instantanément. Et les grands yeux ouverts, tout surpris d’être morts. Et la chair de poule encore chaude qu’on a tant caressée… Voici qu’elle s’aplanit en se refroidissant. Et dire qu’on s’enculait en bredouillant : « Glagla » ! Un héros de cette épopée crasseuse décida de quitter la mer au sel mesquin. Il devint grand chasseur tenant des bois de cerf et les offrant ainsi à une belle amie. Il la considéra comme on seul asile tiède et toujours endormie. Ses cheveux ressemblaient à cette nougatine de gâteaux pour mariés. Epouser n’est pas tuer. Mais dommage tout de même ! Cette femme rachetait son sommeil de princesse par un dos d’horizon et un cul de soleil. Un cul de soleil, ça porte à conséquence.Ca fixe la pensée pendant une forte extase. Ca crée des millénaires qui durent un bref instant. Ca brute en minimal par l’instinct de l’instant. Ca devient souvenir avant même la fin des enchevêtrement de peaux qui se trémoussent. Ca éclaire, en vérité, comme des millions de bougies grasses faites du meilleur suif de toute l’évolution . Ca va loin dans l’espace, la mémoire du ventre , ça va jusqu’au poisson-souvenir, celui de loin, celui des textes en fines lignes d’écritures. Vérité minimale, finesse et clarté ! Avec son seul être, vive le cul-liberté ! Elle jouait du piano. Sans jamais réchauffer ni l’ivoire, ni l’ébène. Ses doigts rose corail se carapataient sur un clavier gelé. Ca permettait d’entendre mille notes en chaînette et le cri de la pluie, la chanson de Solveig et autres Radzeski… Il la regardait jouer un de ces soirs tranquille, fumant sa churchwarden, fort content de lui-même. C’est alors qu’il entra, le Malheur Indicible. Vêtu comme il se doit d’un manteau d’épouvante. Son visage montrait l’aspect d’ un poison suturé pour retenir une farce de légumes hachés. Mais au lieu de légumes… Non, pas des souvenirs, mais une glu atroce… Faite de petits sourires et de délicatesse. De tranquillité flasque pour gens vraiment mariés. De belle sécurité affective a trancher à la hache. De bonheur pour photo. D’eau de fleur d’oranger et de sexes irrigués comme on arrose les plantes vertes. Car il est passionnant, ce chemin cru du sexe avec son insinuation en muqueuse rosie, perçant à jour l’histoire en ce jeu des ancêtres ! Chaud, merveilleux, insistant, jusqu’à trouver enfin la chaleur qui fait mal et le cri qui en crève d’émotion intenable ! Ah !La belle effraction, pour installer la vie ! Et le sang bien chaud qui se met à tourner au creux des oreillettes ! Et les grands yeux ouverts, tout surpris de jouir. Et la chair de poule déjà brûlante qui devient pire encore avec l’incandescence et brûle, la caresse ! encore chaude qu’on a tant caressée… exultant eczéma, prurit rutilant et tout le tralala ! Voici la femme grande comme un immense immeuble aux fenêtres mobiles et aux portes qui claquent ! Voici la haute houle et le déferlement ! Un navire opulent chargé d’épices riches ! Avec des voiles de chair à peindre toutes nues, sauf que ça réverbère ! Chair salée, féminine, senteur perçante, acharnement. Vivons ! Cul ! Comme un ouvrage torride, une ferveur croquante ! Ah ! Et que je te fourbis en beuglant « oh là là ! « Dans la pièce traînait un nounours effacé aux yeux en boutons maintes fois arrachés et pourtant recousus, l’un qui dit merde à l’autre . C’était le calinou de son enfance à elle. Elle tirait sur les boutons, extirpait l’œil, radieuse en criant « et voilà », comme toute gentille petites filles en robe à smocks. Après, fallait recoudre. Tout en se demandant si ça fait mal à l’ours. Et d’ailleurs, dans le ventre ça picotait aussi. Ah ! Le mignon ourson ! Elle l’avait conservé depuis l’enfance, et pire. Un jour, en la baisant, il l’arrosa de foutre. Qui ? Elle ? Non : L’ours. En peluche. Elle dormait jadis dans une chambre rose, avec vue sur la baie. Elle regardait la mer. Puis elle sortait, allait sur la plage, pour baptiser chaque vague avec du sable mou. Maintenant, près de l’ours en peluche, on trouvait toute l’histoire de ces gens : Pièces d’or du butin de pirates récupéré par l’homme au cours des aventures antiques. Fanfreluches qui roulent sur les plumes d’autruches assassinées pour les dévorer cuites. Bois de cerf achevé au couteau qui égorge, avec les viscères que l’on file aux chien et puis la poche à fiel qui se répand, verdâtre. Le passé en jachère, l’avenir en suspens. Le Malheur indicible n’eut même pas besoin de ricaner. Il suffisait d’attendre, de regarder le temps. Cette paix, cette harmonie feraient le reste. L’illusion du bonheur est un enfer tranquille… Que soit béni l’ours qui louche !
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Commentaires
Z
Magnifique ! Tu es toujours un grand poète ! <br /> (Que j'aimerais écrire aussi bien ! Comme j'aimerais savoir jouer les derniers concertos pour piano de Wolfie et dessiner les chats)
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