Pénurie d'orteil!
L'Année me rappelle la mer. Le siècle s’est salé, mauvaise conserve au salpêtre à poudre. Moi, j’ ai vécu les jours d'exil avec un bonheur avide. Ils m’ont permis d’étudier les rues. IL y en a de tristes et d’autres sont pavées. Je me recueillais, converti par mémoire à la religion des Quatre Vents. Ils m’ont désarçonné. Comme Saint Paul, dit-on.
A cette époque j’aimais des freluquettes en Série. Maintenant, je les préfère plus solides. Mais j’étais trop impressionné. J’ai fréquenté une Orientale ornée de pierreries diverses. Puis je me suis englué d’une freluquette nommée Adèle.
Avec elle, c ’étaient de longues ballades à ne savoir qu’en faire. Je claudiquais quand elle m’avait mordu l’orteil. On a acheté un âne. Je me suis juché en guise d’avoir moins mal au pied. Quatre vents, pourquoi faire ?
On a rencontré le diable. Il a caressé l’âne et salué Adèle. Le diable ? En voici un qui devint presque gueux ! Qui donc l’a condamné ? Fière trogne, en tout cas !
Il voulait écrire, se lancer dans les lettres. Tant de puissants sur le retour finissent ainsi. Ilm’a montré sa littérature. On met du souffre sur les abricots secs. Ca les rend plus jaunes. Ainsi écrivait-il.
J’ai corrigé les Poésies de Satan : elles ne sont pas des crimes mais des odes humaines. Elles célèbrent les Siècles. Cherchant midi à quatorze heures. C’est moderne comme pas deux.
Avec Adèle, on se les avait récitées sur le Pont Mirabeau. Histoire de dire : c’était l’automne. Il s’effectuait comme d’habitude. Et mon âne a brouté des feuilles mortes et de l’herbe à cheveux blancs.
Les Chants de Dieu seraient complémentaires. Surtout les posthumes. Mais il rogomme car il a emprunté trop de voix. Quand les rendra t-il ? Il prépare une nouvelle série de nouvelles ! Des histoires de derrière les fagots. Lire est un acte de foi. Ecrire, c’est modifier. Aimer est un acte.
Moi, j’ai perdu beaucoup de temps avec les freluquettes. Quelle Pitié suprême. J’aurais dû naître fils d’ océan. Ou de poissonnier, sauf que l’iode me m’est pas indiquée. Mais en changeant de vie, je changerais de maladie aussi. Quand on existye à ce point, on fait revivre tout un tas de légendes. Beaucoup l’ignorent trop et leur vie stagne misérablement. C’est bien fait pour les nœuds qu’ils portent dans leurs cœurs : on n’est pas des bretzels, malgré l’année salée. Parmi d’autres !
Maintenant, j’ai su aimer de vraies femmes. Il m’a fallu vieillir. Demain, je me lèverai tôt. Et je marcherai, le long du fleuve, jusqu’à Notre-DaMe. Mon âne me suivra. Il me rappelle Adèle. Je lui donnerai le titre de Prince. Je le nommerai Paul.
Je n'ai guère le choix car je n'ai plus d'orteil.