Hiver à folie lente.
Le vent a répandu les odeurs de vieux arbres. Le feuillage déchiré va noircir sous la pluie. Les feuilles, comme des cœurs d’encre pendront. Et ce sera funèbre sous un ciel blanc terrible.
Nous irons à la fontaine avant que l’eau soit prise. Il y aura des arbres écorcés vifs. Avec cette couleur jaune des graisses de bêtes tuées. Et nous serons heureux parce que c’est sépulcral. Et le gel sera fou,mais très lent à la fois.
Amoureux jusqu’à l’os, nous nous foutrons de tout. Des tristesses ordinaires et des morts souvenues.Des terreurs d’oiseaux noirs comme du chien crevé. Parce que l’amour piétine ce qui ne dure pas. Avant de ne durer que le temps d’un éclair.
Avec le cœur en incendie et la peau qui nous brûle, on durera si peu qu’il faut bien qu’on s’y fasse. Alors laissons venir le temps des autres morts. Consumons en farouches le charnel lancinant. Ensuite, allons-nous en : finissons en silence…