Les romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances.
Voici venir le temps
Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances
la pluie déverse des gemmes étroites
Les oiseaux se sont tus : tant mieux, ça fait du bien.
Et les cigales aussi.
Mare de tous ces refrains que l’on dit enchanteurs
La radio-matraque de la nature est parfois pire
Que le top 50 qui serine à gogo!
Partout
Dans les cafés, les magasins.
Partout.
Alors je ne veux pas des cigales, des oiseaux
Qui sont pareils aux chansonnettes
Je préfère la pluie qui toque
Et lire
Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances.
Ils sont pleins de couleurs, habiles et fringants
Juvéniles parfois
Comme des crayons gras, séborrhée qui dessine
L’horizon ou bien pire dans le soleil couchant.
Je semble avoir oublié.
Les devoirs…
Je regarde le jardin qui sera tout brouillon.
J’enterrerai un bananier. Faute de tuer l’amertume
Du chant sempiternel des oiseaux à la con
Des cigales idiotes
Et des radios constantes
Pourfendeurs des jardins mes amis, mes lumières
Délaissons les moments pâlichons de l’enfance
Les sinistres tondeuses
Les souvenirs attendrissants
Comme des oiseaux blessés !
Achevons sans tarder
Cette dégueulasse engeance
Et lisons dans la joie
Les romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances
En poussant des cris de plaisir
En ronronnant d’aise
Comme des chats imbéciles :
On n’est pas des radios,
Des cigales, des oiseaux, mais la subtile élite
Des lecteurs
De romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances
Sale jardin emmuré tu remues tes ramures
Comme pour dire « oui » et « non »
JE lis, ça semble louche.
Comme un tas de voleurs dénoncés par une voisine jalouse.
Mais je respire sans oiseaux.
Sans cigales.
Sans voisines.
Une lumière trop blanche inonde les rayons de la bibliothèque. Je sais lire sous la pluie.
Voici venir le temps
Des romans d’autrefois qu’on ne lit qu’en vacances