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orlando de rudder
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20 juillet 2007

Les ours.

Une bonne petite  pluie digestive ça doit suffire : il y a des jours qui ne sont pas agressifs. Vraiment pas. C’est différent, ils ne ressemblent pas à de vulgaires ours ! Moi, j’en ai vu, des ours. Certains, sont tout sucre tout miel… Mais ça attaque d’un seul coup ! On dirait ces sales types des temps anciens, là, les Mérovingiens ! De vraies brutes ! Ils habitaient Laon et tuaient des tas de gens.

Quand je me sens violent, c’est simple, il me faut une bonne petite  pluie digestive. A condition d'avoir mangé mon saoul.  A Laon, le restaurant du coin propose son plat du jour à moins de dix euros.  Après, on peut aller visiter la cathédrale : ça aide la digestion. Le tramway à crémaillère a été remplacé par un truc à Laonnois qu’ appelle poma. .

On ne digère pas le vide. Même celui de l’estomac. Le vide et trop lourd, on dirait même : trop gras.  Ca ne  passe pas, ça suce le ventre de l’intérieur. On a la panse comme un ballon de baudruche dégonflé, ça s’entre colle. C’est comme un sachet de cacahuètes sous-vide ou des joues creusées quand on boit à la paille. J’aime pas. Ca me dégoûte autant qu’une peau d’ours flasque.

Car, pour en revenir aux ours, sachez que J’ai donné des arachides à un vieil ours. Il se les est foutues dans le nez. Les ours ?  Peu m’importe, c’était comme ça, pour dire. Pour combler le vide : J’ai l’estomac fragile. Je m’en fous des ours. Aujourd’hui, il ne pleut pas. Ce n’est pas un jour de digestion ! Alors, franchement, les ours !

Ce matin, j’ai vu  l’aube blanche, l’aube naïve. C’est mauvais signe. Des plantes idiotes buvaient le soleil naissant. Des mauvaises  herbes s’enchevêtraient, sous un vent pas trop sale,  en tricot mal foutu ! Quand même, l’estomac, c’est important ! Il ne faut pas rigoler avec ça ! Après, ça fait des ulcères : Fini, les cacahuètes ! On peut se les foutre au nez !

Certains jours, on se sent vide. Comme une panse dégarnie. Parfois, il y a de quoi mourir : il manque juste une raison. Moi, je vous le dis tout net, le  vent, sur les  chaumes, bon, ça va cinq minutes.  Une pluie digestive offre une autre régularité.

Tout ce qui règne n’est pas  César: Aujourd’hui le soleil se retire. En imitant l’abdication. Mais c’est provisoire. Dans le temps, quelque part dans le Vermandois, un comte mérovingien rusé en a fait autant. On a cru qu’il se retirait. Puis il est revenu. Il a tué tout le monde. Il a cogné fort ! Il s’et remis à régner férocement, tout enivré par de nouveaux massacres. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours. Le soleil et plus vieux que les Mérovingiens. Plus barbare aussi. Vachement cruel. A Laon, il pleut souvent. Tant mieux.

.En attendant, bravo : L’averse crache sur la gueule du sol, ça fait de la boue. Il y a des gens qui glissent. Au restaurant du coin, le plat du jour c’est foie de veau garni. Bien servi ! Pour moins de dix euros !

Pour sentir le vent, pas besoin d’un doigt. Des cheveux suffisent. Quand je suis bien coiffé, je n’ai plus l’air d’un ours. Une bonne petite  pluie digestive ça doit suffire : il y a des jours qui ne sont pas agressifs

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