Du poisson? le mardi ?
-Tiens, Chérie…Tu as préparé du poisson ?
- Oui…
- Mais.. On est mardi !
- Je sais, mais c’était en promo… Du beau poisson tout frais !
- Tu as raison, ça change ! Au diable les routines !
- En plus on n’est pas pratiquants !
- Ah ça ! On n’est pas comme ta mère, toujours fourrée à l’église !
- Arrête avec ma mère ?
- Arrête.. de poisson ! Hi ! Hi ! Je suis un marrant, moi !
- C’est vrai : toujours le mot pour rire ! Les femmes ne résistent pas aux hommes qui les font rire !
- Un peu mon neveu ! Il faut les faire rire ! Poisson pour rire ! Hi ! Hi !
t'as compris?
- Vraiment, où vas-tu chercher tout ça ?
- N’empêche, ce poisson… C’est vraiment délicieux : tu t’es surpassée ! Décidément, tu es vraiment un cordon-bleu.
- Justement ! Je tiens ça de ma mère…
- Ah, ta mère… Toujours ta mère !
- - Qu’est-ce qu’elle a ma mère, hein ?
- Rien, rien.. ce poisson est divin, je vais en reprendre…Tu as eu une très bonne idée…
- Ca me fait plaisir de te voir aussi bon appétit .encore un peu de vin blanc ?
- Oui, merci, ma chérie d’amour… Tout de même, ça me fait drôle, du poisson un mardi : j’ai l’impression que nous sommes vendredi !
- C’est le but !
- Le but ?
- Le but !
- Mais … ?
- Oui, tu es content, tu crois que demain c’est samedi, tu vas t’endormir heureux en imaginant que tu n’iras pas au boulot demain ! Que tu vas faire la grasse matinée !
- Qu’est-ce que tu racontes ? …
- Et demain, paf ! le réveil ! La déception !
- Quoi ?
- Ha, ce sera encore plus dur d’aller au boulot : bien fait pour ta sale gueule de mec pourri !
- Mais..
- J’en ai marre de toi ! Tu es une ordure, tu ne me regardes même plus, ma mère avait raison, t’es un petit salaud médiocre et demain, tu vas te croire libre ! Tintin ! Dans les dents : la bagnole, les embouteillages, le boulot !
- Mais écoute… Ca ne va pas ?
- Ah, ça me fait jouir, tiens ! Ca t’apprendra à ne même plus me regarder, salopard ! Ah !Monsieur se croyait vendredi ! Il pensait qu’il allait se la couler douce demain ! Macache, connard !
- Calme-toi !
- Tu vas encore te faire chier comme un rat mort dans ton sale boulot miteux de sous-fifre servile !Tu n’es même pas capable de passer un concours pour t’élever dans la société et gagner plus d’argent ! Tu me fais vivre dans la misère, ordure ! Tu es à la botte de ton chef, aucune dignité, un chien-chien ! Un esclave !
- Mais enfin, Chérie !
- Y a pas de « Chérie », gros porc En plus, le poisson, je l’ai acheté parce que le nouveau commis du poissonnier est beau comme un cœur ! Tiens, je me le ferais bien ! Ca me changera de ta grosse panse et de tes pieds qui puent !
- Ah ? C’est comme ça ?
- Ben tiens, Connard ! Tu l’as bien cherché !
- Eh bien tu n’as rien compris ! Ou,i j’ai cru qu’on était vendredi. Je déteste les vendredis ! Parce que le lendemain, je reste avec toi ! Et que tu m’emmerdes, et que t’es trop con pour moi ! T’es nulle à chier ! Ta conversation à ras-de-terre m’insupporte ! Bassesse, langue de vipère, ragots, médisances…Comme ta mère ! comment veux-tu que je progresse au boulot ? Dès que le patron te voit…Ah, je me souviens lors de la fête de l’entreprise… Putain, j’en ai rougi ! J’en avais honte d’être avec toi… tu es d’un commun ! A lors que la secrétaire et si distinguée !
- Quoi ? La secrétaire ? Cette…
- On ne donne pas de promotion à un type qui se trimballe une grosse pouffiasse inculte, idiote, mesquine vulgaire et qui s’attife comme une harengère ! Qui se maquille à la truelle ! Une morue à poissonniers !
- Salaud ! Je te hais !
- Je m’en fous!
- Merde !
- Ta gueule, pétasse ! Chouette, demain, ce n’est pas samedi, connasse ! Et je ne subirai pas ta sale gueule de raie avariée durant toute la journée ! Le bonheur !
- Décidément, tu es un dégueulasse ! Quand je pense que je t’ai épousé ! Ma mère m’avait pourtant prévenue ! ..
- Ta mère est une sous-merde qui a tué ton père par ses scènes ! C’est une roulure de vomissure moisie de grenouille de bénitier et de pute à Jésus ! Une limace à patenôtres ! Une vipère de sacristie ! Fait-elle des pipes au curé? Remarque, avec son râtelier… Qu’elle crève ! Si possible dans d’atroces douleurs !
- Arrête !
- Tiens ? Tu pleures ? J’aime bien !
- Tu es méchant, trop méchant…
- Vivement demain, que je retrouve la jolie secrétaire ! Elle s’appelle Alberte, elle est bien plus jeune que toi.
- Pitié, arrête !
- Elle est cultivée, distinguée, élégante, racée et tellement féminine…
- Je …
- ... Elle est belle comme un cœur… Ah ça me change d’une grosse vache immonde comme toi, fille d’une mégère criminelle, d’une harpie, d’un chameau gluant ! Allez, chienne bâtarde, va donc rejoindre ton poissonnier ! Ca me fera des vacances ! Demain, je déjeune avec elle ! On mangera des huîtres, du turbot, du homard ! Le mercredi, c’est la récré ! Tiens, je ne l’avais jamais remarqué...
- Quoi?
- T’es moins moche quand tu pleurniches !