Martha la peau de vache.
Martha la peau de vache embrassait goulûment, baisait à l’éperdue pour que le temps soit là, désirant sa présence comme pour le retenir, encore, encore un peu… Il est déjà trop tard et j’aurais dû mieux jouir car les heures se dépêchent.
Lapant des alcools forts à décorner l’instant elle pissait debout dans la rue, par bravade ! Injuriant les gendarmes, elle rêvait limité, économie d’espoir et saucisson à l’ail. Elle montrait ses seins et son calibistri aux curés dans la rue et riait comme un âne parce que c’est poilant.
Tant est si bien qu’un jour les baisers la mordirent. Lèvres à feu et à sang, elle continua encore. Des dermatoses suintantes envahirent son destin, pareilles à des Max Ernst en magma déplaisants. Son foie se révulsa et devint une bouillie. Son cœur se délita comme s’il y en avait un. Le temps montra les dents, molaires formidables, incisives insidieuses et canines aux abois.
Martha la peau de vache, après bien des épreuves, des souffrances savourées, des brutalités veules, se mit à bien se plaindre, en rajoutant beaucoup. Elle vécut à genoux, de douleur éperdue, se convertit sans honte à quelques religions, Elle espéra goulu comme elle baisait naguère et pria toute intense et tant pis pour les rides. Comme on brode une nappe, elle ourla dans sa vie une résignation au point de croix qu’on porte.
Martha la peau de vache devint Mamie-gâteau. Elle s’inventa un temps de jeunesse commode où l’on parlait d’amour, de petites choses et autres, tendres autant que cruelles, puisque c’est du passé ! Elle s’imagina un veuvage non-voulu aussi beau que tragique. Elle se décora d’une belle humilité de lave-linge ancien qui essore si mal que les culottes en chialent. Ainsi dépensa t-elle son capital d’espoir pour jouer enfin le rôle d’une vieille souriante, charitable et très bonne adorée des enfants, cuisinant des ragoûts avec du beurre dedans.