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orlando de rudder
orlando de rudder
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3 juillet 2007

Une cuisine sidérale.

Le comte débordait d’enthousiasme à cause de la nouvelle cuisine sombre. Il avait voulu que  l’atmosphère en soit très pascalienne, y compris dans les recoins. Ce vieux projet, on s’en doute, n’est pas né subitement. La cuisine peut aussi devenir sidérale, avec tant d’objets en fer, en acier.

Le comte n’y voyait pas seulement une simple pensée de philosophe. J'en suis probablement plus certain que je ne le crois (je possède la lettre  la fameuse lettre dite A2, dont il est fait mention dans le dossier spécial des papiers disparus et documents soustraits ! J’ai pu l’acheter à la malheureuse cuisinière congédiée pour n’avoir pas voulu s’aveugler : qui donc a besoin d’yeux dans le noir fût-il chargé des odeurs d’excellentes  boustifailles ?) ou que j’aimerais le croire.

Le comte, désormais, est de plus en plus vivant. A la suite d’un désir, il a trouvé l’amour. L’amour  avec des trous, car il n’est pas si riche que ça. Et avec une Française, gourmande et qui jacasse. Sauf dans le noir :ça lui fait peur. Cet amour discontinu lui suffit ! Il se doit ne pas comprendre un forfait constant. Selon sa fortune, on peut s’aimer du matin à midi, du déjeuner à quinze heures vingt-sept,  en guise de goûter ou, pour les plus riches à peu près tout le temps. Les pauvres ne s’aiment jamais : ils font semblant, dit-on. On n’a rien sans argent ! Sauf la frime qui déçoit !

Faut il du désarroi, à un point stupéfiant, une  faille du monde un  manque à  suivre la vie de près, pour en arriver à pallier l’imparfaite fortune par une cuisine nuiteuse ? Quand on y fait l’amour, cela reste pudique :  le cuisinier ne le voit pas. Mais on se blesse les culs, pour ne pas trop parler,  à cause du sidéral, des objets de fer, d’acier,  de cuivre… ustensiles et outils qui tranchent et peuvent percer.

La cuisinière disait : « Je suis l’ange chauffe la maison ».  Avec son amant, elle aimait les câlins. Et, tout en crépitant, le soir, elle touillait les ragoûts tandis qu’il lui prodiguait des mignardises osées. Le comte le savait.  Mais que dire de plus ? Le comte n’est pas peu fier de sa nouvelle cuisine. Sidérale, mais obscure.

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