Le hêtre rouge.
Juste un petit crayon. Pas très bien taillé. Je le regarde. Je l’aime. Je crois que… enfin peut-être qu’un jour je serai un arbre. Il y a un grand hêtre rouge à la frontière belge. Quand on se cache, quand on a peur, on regarde les oiseaux.Ca permet de savoir si le danger est loin. Les animaux protègent les maquisards, les contrebandiers, les enfants qui fuguent ou qui s ‘échappent des maisons de redressement. Encore faut-il le avoir.
Que peut-on écrire avec u petit crayon mal taillé qu’on aime ? Surtout quand on a faim et froid ? Ecrire sur quoi ? Une feuille d’arbre ? Sa paume gauche ? Parfois, ça fait tout drôle de respirer. Et de boire aux sources qui ne désaltèrent jamais assez.
Chaque jour est peut-être un adieu. Dans le temps, ici, il y avait de grands hommes à cheveux longs. Mais Rome n’est plus dans Rome et je me sens trop seul. Je suis pourtant chez moi, parmi les arbres. Quand je serai grand, je serai un arbre. Un grand hêtre rouge, près de la frontière belge.