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orlando de rudder
orlando de rudder
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8 janvier 2007

A ***

Je me souviens souvent de vous. On se demande toujours ce qui est arrivé depuis tout ce temps. Surtout quand le moment fut étrangement fugace. C’était il y a longtemps. Qu’êtes-vous devenue ?

Nous avions tous les deux conscience du provisoire et nous marchions encore dans une jeunesse grave, assez douce. Et nous partagions cet instinct de l’instant qui nous raconte déjà qu’on y repensera : nostalgie immédiate construite sur-le-champ.

Studieux et fervents, nous avions couché ensemble plus par vraie politesse que par désoeuvrement : Nous étions fort soucieux l’un de l’autre même pour cette durée que l’on savait trop brève. Et le contraste de cette intensité des peaux avec notre attitude si distante et si proche a sans doute construit quelque chose en chacun de nous. Une animalité de loutre et de belette, d’outrageantes morsures n’entamèrent pas ni prou un respect savoureux. Et le rire qui fut là ordonna une présence accrue, une conscience de soi aussi forte qu’un vrai vin. 

La vie nous demandait un plaisir surprenant pour donner à nos cœurs une étrange beauté, une lumière peut-être trop radieuse sans doute pour que deux  existnces puissent ensuite, la supporter. On ne s’est tutoyés qu’un petit peu, ma foi. Et ce fut, chère amie, en chiffonnant les draps. Je pense à vous souvent : c’est un adieu de plus. Une tendresse cruelle et construite à dessein.

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Commentaires
N
"Sûrement pas!"<br /> <br /> Ça, c'est une belle chute.
O
Sûrement pas!
P
La tendresse est cruelle mais le texte est superbe. Magie du verbe orlandien et nostalgie féroce qu'il est bon d'éprouver quand on s'ennuie un peu.
T
Fallait la marier
N
MhUmmm! C'est délicieux.
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