Sourd rugissement!
En parlant hier de la littérature plan plan et carrément à la con qui nous est imposée médiatiquement, à propos de Mirbeau et des sources vives de nos lettres, je ne connaissais pas encore Littell, que j'ai aussi parcouru, comme l'a fait Amel Zmerli (voir son blog Portesurletoit). Certes, il est spécieux d'isoler une phrase de son contexte.Mais tout de même! Voici ce qu'écrit Amel à propos de Littell:
Si la phrase "mon cerveau rugissait sourdement comme un four crématoire" vous semble digne d'intérêt moral ou littéraire (Jonathan Littell, page 4 de son roman Les Bienveillantes, feuilleté hier en librairie mais pas plus loin...
"Sourdement " est de trop pour faire un bel alexandrin! Autrement, on pourrait continuer:
"Mon cerveau rugissait comme un four crématoire,
Dans la bouteille, hélas, y avait plus rien à boire
Et pour me consoler j'ai écrit un roman
Complaisant fabriqué: Résolument du flan"!
Qu'un cerveau rugisse ne me gêne pas plus que ça. Qu'un four crématoire rugisse, je n'en suis pas sûr... JE pensais que ça feulait. Mais mon expérience en la matière est, heureusement, restreinte.En tout cas je pense que ça ne beugle pas! Ca mugit peut-être. Comme un mufle. Ou alors, ça grogne, comme un groin. Faut voir. Et entendre! Mais il n'y a pas de musique, chez Littell!
Pour certains écrivains, il y a un gros problème! C'est que les mots ont un sens, voire plusieurs. Et des significations. Voire des puissances évocatrices. DEs "latences bombinantes"... des trucs et des machins! Ah! les vaches! Et ça, c'est gênant, parce qu'ils veulent dire quelque chose. Que l'auteur n'aurait pas osé dire de lui-même! Alors, ça déborde... forcément.
Certes, aucun de nous n'est à l'abri d'une erreur, d'une bourde, d'une faute, fût-elle de goût...Mais tout de même! Lisez Otto Ganz! Lisez Mordillat! Cherchez "autre chose"! Tout, mais pas ça!
Mollesse d'écriture, manque de nerf, gloubiboulga... Nous avons besoin de vertus plus hautes!