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orlando de rudder
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2 août 2006

Le souvenir du vieux figuier.

Je n’ai pas de saison, je ne joue pas à ça. Je n'ai pas le temps. J’ai certes un peu de pluie, de soleil et ça roule. Rien ne tangue comme mon cœur lorsqu’il se met en boule : artichaut, hérisson, je voudrais bien savoir. Quand j’avais du beau fixe, je l’ai donné trop vite. Je ne regrette pas, mais ça fait mal au cœur. Quoique si on y pense, certaines brumes sont douces. Veloutées, impassibles comme le jaune d’un œuf. On y vaque, on a froid, parfois même ça glace. Mais on n’a rien sans rien : le brouillard efficace assaisonne la vie à la va-de-bon-cœur. Parce qu’une saison, il faut l’organiser, avoir des fruits à l’heure, en retard, en avance. Certaines figues éclatent sous le ciel de l’été. De belles noires brillantes aux crevés rouge-vif. Et puis des fruits pourquoi ? Je veux dire : Pourquoi moi ? Je n’ai pas de saison ! Je ne suis pas un arbre non plus. Il y a dans mes racines de vieilles sèves acariâtres. Ca ferait des marrons plus durs que des cailloux ou des coings épicés d’amertume en détail. En détail parce que moi, je suis sous le cadran solaire ! Qui donc a vu le temps négocier tout en gros, ou solder tout en vrac ? Je n’ai pas de saison ! Les saisons se mesurent, moi, je n’ai pas le temps : la montre à mon poignet va marquer moins le quart. C’est une heure à penser, à méditer parfois, c’est un degré de plus, on y marche malgré tout. L’heure qui passe est un ange. Surtout quand c’est fini. Je n’ai pas de saison, juste de la durée. Il me faudrait des feuilles pour la décoration. de figues explosées, je ne sais plus pourquoi. Voilà mon souvenir, un vieux figuier tordu. Et quelque déjà-vu qui reviendra encore. Un instant parmi d’autres qui me suit à la trace. Une ombre dans mémoire, trop présente, mais fugace : je n’ai pas de saison.
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Commentaires
M
la révolte cogne toujours dans ce blog. le cri est là permanent. l'écho se fait dans le désert.<br /> <br /> parfois des mots apaisés viennent dans cette urgence trouver la larme avant qu'elle ne séche<br /> <br /> orlando des mots <br /> les plus justes pour émouvoir
C
Sous la vieille écorce rude bat un gros coeur velu. <br /> <br /> "Certaines figues éclatent sous le ciel de l’été. De belles noires brillantes aux crevés rouge-vif."...ça c'est beau comme un Cézanne. On en mangerait.<br /> <br /> <br /> "Et puis des fruits pourquoi ? Je veux dire : Pourquoi moi ? Je n’ai pas de saison !"...mais si. Plein encore de printemps en bourgeons prometteurs à venir, laissez-vous faire.<br /> <br /> <br /> Amitié
P
Oui c'est aussi cela la poésie … Ne parler de ses blessures que si l'on parvient à en extraire des trésors. Laisser macérer ses plaies dans des mots inconfortables et précieux pour en tirer des liqueurs âpres et fortes. Comme le blues, elle vous fait tout à la fois du bien, du mal et autre chose indéfinissable. Un des meilleurs alcools de figue jamais bus. Santé !
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