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orlando de rudder
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23 juillet 2006

Jeux du corps: quelques remarques.

Quelques jours après avoir prononcé les Serments de Strasbourg, texte fondateur de ‘l’histoire de la langue française, les soldats de Louis le Germanique et de Charles se délassèrent en jouant ç=à une sorte de « rugby » ou de « football » mais dont les règles sont assez difficiles à déterminer d’après le texte de Nithard dans l’Histoire des Fils de Louis le Pieux. Il est cependant mentionné que cette partie fut courtoise et sans brutalité. Il y a fort à parier qu’il ne s’agit ni de foot ni de rugby. Peut-être d’une sorte de « soule », mais comme les règles de cette dernière sont foisonnantes, d’après les textes, on ne saurait rien en dire. Il est à noter que rares sont les jeux anciens n’utilisant que les pieds pour frapper un ballon, un projectile (fût-ce la tête d’un adversaire vaincu dans certaines traditions !). De même, et on l’oublie, la tradition monacale permettait, et certaines règles le faisaient, que les moines jouassent à des jeux physiques. Parfois avec une balle, parfois sans. Ces jeunes hommes couraient, se dépensaient plus qu’on le croit et cela allait avec le défrichage des forêts, l’agriculture, la copie de manuscrit et l’érudition. Quelque chose de plus complet que ce qu’on offre aux footballeurs. Là, évidemment, on voulait gagner. Mais il ne pouvait être question d’en tirer gloire et de s’acharner comme dans un sport : on se détendait. Même s’il pouvait arriver qu’on s’énerve. Les pères supérieurs punissaient alors ! De toute façon, on était fort loin de la mentalité sportive déplorable qui ronge note vie quotidienne ! Les chroniques en parlent, sans plus… La soule et les autres jeux de village prenaient des tours plus âpres. Et même les « jeux de mains » qui étaient jeux de vilains, c’est à dire de paysans. Il s’agissait de la paume, jouée avec les mains, sans raquettes. Lesquelles étaient réservées aux jeux plus « nobles » et plus organisés. Certes, il y avait là des compétitions plus âpres et la violence y était de rigueur. Et même là, on peut reconnaître une différence avec les sports : On assumait cette violence au lieu de la refuser hypocritement tandis qu’elle se déploie, sournoise, omniprésente… Il ne fallait pas trop exagérer… Mais déjà, l’activité ludique devenait une sorte de « guerre du pauvre ». La folie du foot, son caractère devenu fort éloigné d’un « sport » et le ramenant à quelque chose de tribal ou de nationaliste me fait m’interroger à propos des jeux « physiques »…Voici le résultat de mes premières glanes : Il y a deux siècles, en 1807, l’auteur réputé d’un Dictionnaire des jeux de l’enfance et de la jeunesse chez tous les peuples, Jean Adry, affirmait dans sa préface : « Les jeux des enfants, du peuple surtout, sont les mêmes à Paris, à Londres, à Petersbourg, au Caire, à Constantinople, à Ispahan et à Pékin1. » Le constat se veut péremptoire : les jeux seraient identiques dans tous les endroits de la planète. Et notre auteur d’ajouter : « Ce qu’il y a de plus étonnant, ces jeux sont absolument les mêmes que ceux qui amusaient les enfants dans les rues de Cusco sous les Incas, à Bagdad sous les Califes, dans Rome, dans Memphis, dans Athènes et dans Persépolis. » A l’identité des jeux dans l’espace, s’ajouterait ainsi celle dans le temps. Nous sommes donc en présence d’une double identité, en synchronie et en diachronie, autrement dit d’une identité à vocation universelle. http://revel.unice.fr/anthropo/document.html?id=173 Voire… Il est simplement vrai qu’il n’y a pas tant de règles possibles ni de façon déférentes de taper dans un ballon ou de pratiquer tel ou tel geste dans un but donné. Peu importe, d’ailleurs : Le jeu corporel n’apparaît donc pas comme une pure frivolité passe-partout. Il participe de l’identité culturelle de chaque communauté, qui met ainsi en scène des scénarios ludiques originaux intimement liés à ses modes de vie propres, à ses croyances et à ses passions. La cause semblerait donc entendue : les jeux sportifs sont le miroir de leur société, et les reflets qu’ils envoient sont tout autant bigarrés et diversifiés que le sont leurs sociétés d’émergence. Ce qui m’importe plus, c’est la diversité des jeux. Et là, je fais appel aux souvenirs d’enfance. On jouait à « l’épervier » dans la cour de l’école, ou à la « délo » qui se nomme aussi « déli-délo » dans différentes provinces : Posté par Gévy, 3eme année de maternelle La déli-délo, c'était comme l'épervier: un chasseur et plein de gens à chasser. On court comme des tordus. Si on se fait toucher par le chasseur, on est prisonnier et va dans un coin et on touche le mur d'une main. Si un autre se fait prendre, il donne la main à l'autre prisonnier, ça forme une chaîne. Et la chaîne des prisonniers attend qu'un de ceux qui courent encore viennent taper dans la main du dernier de la chaîne pour les "déli-vrer". En attendant les prisonniers chantonnent "à la déli-délo, à la déli-délo..." http://forum.wordreference.com/showthread.php?t=187493 J’ai pratiqué ces jeux dans mon enfance, spontanément, dans les cours d’école. Les « grands » y jouaient aussi. Me foot, le basket étaient plutôt réservés aux cours de gym… Peu d’entre nous y jouaient comme aujourd’hui. IL s’agissait de compétitions organisées, avec tout un système qui nous paraissait trop scolaire. En revanche, la délo ou l’épervier s’improvisaient. Les équipes se modifiaient à chaque fois. On voulait gagner, bien sûr. Mais une défaite ne nous désespérait pas : on gagnerait la prochaine fois. Il y avait, dans ces jeux comme en d’autre un caractère GRATUIT qui s’éloignait de la victoire à tout prix dont on parle et reparle. Le plaisir de jouer suffisait. Comme à la belote de comptoir qui s’oppose aux compétitions de jeux de cartes. Ce n’était pas du sport. Les sports ont bouffé les jeux traditionnels. Les enfants, même tout jeunes, ne rêvent que de foot. Du jeu imposé, qui faisaient auparavant partie du programme scolaire et n’étaient pas nos jeux « à nous »… Le foot nous a volé un peu de nous-mêmes, de note histoire, de notre vie.. Il nous a colonisés. Il est devenu OBLIGATOIRE. De même que le hamburger a détruit la cuisine familiale, le foot a détruit le jeu traditionnel. L’épervier et la délo sont devenus la proie des éducateurs et animateurs : des manuels en donnent les règles et l’on y joue dans les centres aérés ou les colonies de vacance. Les jeux anciens sont maintenant organisés et objets éducatifs.. On a tout pris aux mômes, et en particulier, leur liberté ! Ils DOIVENT jouer au foot et suivre la mode vestimentaire ordonnée par les marchands, et joue « correct » avec les jeux qui s’achètent sous peine d’être ringardisés… ET méprisés. Contre le sport, il y a déjà quelques décennies, la mode des « arts » martiaux représentait une résistance contre l’esprit imbécile de disciplines comme le foot. Il s’agissait de « devenir soi-même et de « spiritualité ».Certes, ceci a permis à des idéologies monstrueuses comme le zen de faire un bout de chemin en Europe, le tout enseigné, durant la première génération de pratiquants, par des Maîtres au passé parfois lourd durant l’occupation de la Mandchourie par le Japon et plus ou moins proches de sectes, de mouvement d’extrême droite et de services secrets. Mais l’idée de réagir conte les sports se trouvait là ! On en avait marre… Et l’on croyait que les « arts » martiaux seraient libérateurs… Ce fut un leurre, mais cela montre bien que cette résistance est vive et qu’elle oppose ceux qui ont un souci d’eux-mêmes, de plénitude par rapport aux meutes qui transforment elle peuple en foule puis en public. Et l’appellation idiote et impropre d’ « arts » martiaux montre bien l’opposition à l’esprit du sport. Et que les pratiquants avaient plus souci de leur culture personnelle que les footeux. Ce qui est une hygiène ! L’ignorance est toujours crasse… Et opprime l’autre ! Cette mode a passé, récupérée par le sport car l’idéologie et la « spiritualité » de ces pratiques a justement déçu ! Et que la recherche spirituelle s’est trouvée confronté à des « curés » exotiques à l’esprit militaire insupportable. Tandis que des ceintures noires de karaté se faisaient démolir vite fait par le premier venu ayant pratiqué la boxe ne serait-ce que durant une année : l’habitude de « rentrer », l’économie de mouvement empêche le travail de l’adversaire et à l’idéologie du coup unique et mortel répond la dégelée, la succession rapide de gnons qui sapent et démolissent en moins de deux ! Sans compter le fait que les boxeurs sachent aussi encaisser… Même les coups « mortels » et prétendus tels. Du coup les « arts » ont évolué en full-contact tandis que la boxe thaïe s’est répandue, grâce à des professeurs de karaté ayant travaillé avec les meilleurs maîtres, comme Jacques Mairesse, entre autres… Ils en avaient soupé du « spirituel », du zen car ils le connaissaient bien… Et l’on a retrouvé la boxe française à l’esprit tout de même plus élevé, plus sympa et moins nunuche que les « arts martiaux ". Et certains la pratiquent durant toute leur vie sans que ce soit seulement un sport… En attendant le sport, et plus particulièrement le foot, nous envahissent, nous dévore notre espace, nous colonisons. Mais, bon an mal an, sans y penser parfois, des résistances voient le jour. Le cyclotourisme, tranquille, amateur de paysages et de cathédrales (sans oublier les bons petits plats des auberges locales qui font sérieusement baisser la moyenne !!!),la randonnée, à pied ou à cheval se portent bien. Sans compter que de nouvelles activités apparaissent, proches de la nature, de la mer, des campagnes. Oui, l’espoir renaît peut-être, malgré la mode : de nouveaux jeux sportifs naissent, plus portés vers la sensation, le plaisir que la connerie du foot. Ce sont, de plus, des pratiques généralement individuelles : sports de glisses, jeux avec le vent, parapente, planches de surf tirées par un cerf-volant et autres belles choses, poétiques, en communion avec la nature et mettant les gens en un vrai rapport au monde : fondant l’être au lieu de le fondre dans la foule, dans l’esprit d’équipe qui devient trop souvent celui de clan, avec nationalisme puant…
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Commentaires
F
oui j'ai souvent a la délidélo et à l'eperviere, un deux trois soleil et autres...<br /> on perds les rondes aussi..<br /> les jeux changent comme les epoques
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