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orlando de rudder
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21 juillet 2006

Grande victoire de Nicolas Sarkozy

Si Monsieur Sarkozy en est à expulser des lycéens sans papiers bien intégrés, c'est forcément parce qu'il a réussi à régler le vrai problème de l'immigration clandestine! Ene ffet, on n'entend absolument pas parler d'expulsion de travailleurs clandestins! C'est donc qu'il n'y en a plus! Il n'y a plus de Turcs ou de Pakistanais dans des réduits insalubres en train de coudre des pantalons pour quelques centimes pièce! Il n'y a plus d'ouvriers agricoles exploités par des braves culticateurs libéraux! Il n'y a plus tout ça! Forcément: sinon on en parlerait! C'est donc que Monsieur Sarkozy a réglé le problème...! Bravo! L'immigration clandestine et le travail clandestin sont aussi organisés par le libéralisme qui en a BESOIN! Il suffirait d'une bonne petite rafle dans certains milieux de la confection pour s'en rendre compte...MAis pour qui votent les patrons de ces centres d'esclavage?
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Z
Cahier d'un retour au pays natal - extraits<br /> <br /> Partir.<br /> Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-<br /> panthères, je serais un homme-juif<br /> un homme-cafre<br /> un homme-hindou-de-Calcutta<br /> un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas<br /> <br /> l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture<br /> on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer<br /> de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir<br /> de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne<br /> un homme-juif<br /> un homme-pogrom<br /> un chiot<br /> un mendigot<br /> <br /> mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la<br /> face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait<br /> dans sa soupière un crâne de Hottentot? <br /> <br /> <br /> Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je<br /> dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,<br /> humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots<br /> en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.<br /> Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir <br /> et toi terre tendue terre saoule<br /> terre grand sexe levé vers le soleil<br /> terre grand délire de la mentule de Dieu<br /> terre sauvage montée des resserres de la mer avec<br /> dans la bouche une touffe de cécropies<br /> terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à<br /> la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en<br /> guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des<br /> hommes<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre. <br /> <br /> Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ». <br /> <br /> Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».<br /> Et je lui dirais encore :<br /> « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »<br /> <br /> Et venant je me dirais à moi-même :<br /> « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »<br /> <br /> Aimé Césaire <br /> <br /> <br /> Accueil du site Toute La Poésie
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