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orlando de rudder
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8 avril 2006

Epiphanie-méthode pour devenir poète en accomplissant une bonne action

(Remerciements : Ce qui suit m’a été inspiré par un échange de messages de divers correspondants sur le blog soblue mais aussi , peut-être et cependant, néanmoins, toutefois, quand même par Anne Archet. Et l'influence du merveilleux livre de Roger-Pol Droit, 101expériences de philosophie quotidienne (à lire absolument) n'est pas loin, pour sûr)... Epiphanie-méthode pour devenir poète en accomplissant une bonne action Il y avait du mou dans ses poèmes, non pas des petites fleurs, mais du mou prétentiard. IL manquait de destin. Non pas par sa vie même, ordinaire, on va dire. Parce que beaucoup de poètes ont des métiers normaux, ressemblent à tout le monde et ne boivent même pas. Mais parce qu’il lui manquait l’aventure intérieure. Et ça, c’est difficile… C’est comme un don de dieu, lequel ? Celui-là même qui fait des dons du genre, Prométhée enchâiné au foie même pas gras. « Les oiseaux sont des cons » ! Il y a des malingres qui, pour se musculer, soulèvent durant des heures des masses de fonte inerte. On connaît des lambins qui s’entraînent soudain à la course à pied, mais ce n’est pas plus mal. Seulement un poète, c’est un haltérophile du réel : il faut de l’acier en fusion, ou le foie et la rate, gigantesque et gravide, de nuages obèses qui pèsent deux cents tonnes. Il ne vivait pas assez ses poèmes molasson. Et c’est pourquoi sa vie lui ressemblait planplan. Il se colla bien sûr des idées à la mode : greffes de mysticisme japonard ou hindou, des histoires à se fuir pour ne pas s’affronter, et ses poèmes prirent un ton plus stagnant, un peu comme ce régime, du plus ou moins sacré, qu’il suivit parce qu’on le disait élevant comme un ascenceur neuf vers le Tout, le Néant, le je-ne-sais-pas-quoi qui bouffe la poésie ou qui la rend tartouze comme du miso mal frit ou un vague glaïeul sur la tombe d’un crétin dont on hérite rien, pas même des yeux de ressemblance, alors… Je ne pouvais pas le laisser comme ça ! J’ai téléphoné au Rêve, le grand frère de l’Action. Et je lui ai dit : - Fous des baffes à ta sœur, merde, fais chier, tu vois, c’est vrai, quoi, à la fin des fins !… Le rêve a réfléchi, puis il m’a répondu : - Des fois tu n’as pas tort, et j’y vais de ce pas . Il a giflé l’Action qui en redemanda. Elle est masochiste, l’action, la preuve ; elle nous fatigue encore plus qu'un vrai rêve, lequel est épuisant! Ca lui donna des idées. Elle beugla à son frère en transpirant de joie, à cause du soufletage intense et cogne-dur : - Envoie z-y l’Ange du bizarre et fais-moi plein de trucs que ça ne se fait pas ! . - Bon sang,mais c’est bien sûr, s’explicita le rêve in petto, tout de suite ! L’Ange du bizarre est un mélancolique hyperactif du genre mafflu-soiffard ! C’est le tonitruant que décrivit jadis le philadelphien Edgar Allan Poète. Il alla voir ce « Il » aux poèmes molassons. Il le nomma, c’est un rôle des anges… oui, comme celui de Jacob ! Un ange, ça donne des noms ! Puis il attendit la nuit en buvant du schiedam, de l’amontillado, de la bière de Mars d’importation directe. Dès que le ciel d’azur s’enténébra, il attendit encore, puis étendit le bras. En disant : - Gotfordom, pute vierge et macache ! avec l’accent tudesque. Il cueillit une étoile et de toute sa puissance la colla sur le font du tout nouveau nommé ! - Bon, te voici poète, et pas pour du chiqué. J’ai pas de soleil noir, mais on me fait crédit, en avant la zizique et tu vates eris ! On va chez le fripier, parce que t’es mal payé, les habits neuf c’est cher, et ça fait empereur qui n’existe même pas ! Mais tu va casquer parce qu’il faut tout de même que ça te coûte, mon gars ! - Payer quoi ? - Des fringues que tu n’aimes pas ! - Des… - Oui, un costard-cravate, ou un uniforme, un truc un peu vieillot, du genre qui te dégoûte, et tu vas m’obéir car sinon je te bugne ! Ensuit, on va bouffer ! - Mais je fais un régime oriental et très pur qui équilibre le yin et le yang dans un Tao qui n’est pas de Marseille mais de là-bas très loin ousque vivent les sages ! - C’est pas ça, mon ami, c’est moi qui commanderai, et tu vas manger tout ce que tu n’aimes pas ! - Mais j’aime pas ça !!! - Tou juste ! Et tu vas voir ! Et si t’es pas d’accord, un coup de pied au cul, deux giflages de la tronche et torsion des roustons, centrifuge, centripète, on recommence, on répète ! - Mais… - Tu boufferas tout sinon je cognerai fort ! Foutre de vertuchou ! Je t’ai déjà nommé, faut que ton « je » soit un autre et non la comédie d’un suiveur de la mode, et de la mode intime du développement personnel ! - - Un autre ?, mon joli « je » qui écrit des poèmes avec des fleufleurs, de la nature très pure et de l’amour spirituel et des zanimo bô? - Et du gnangnan visqueux ! - Un autre ? Moi ? - Un autre, c’est beaucoup dire… On te fera un « toi-même » sans myosotis en vrac ni brassées d’asphodèle, mais de la bonne barbaque, des gâteaux à la crème un peu de cul sauvage vulgairement lyrique ! Alors le poète mou –appellon-le Jacob, car ce serait trop facile de vous donner céans son vrai nom, tiens, tiens donc- s’habilla en tout autre, mangea ce que gloutonnent les gens qu’il n’aimait pas… Il se rendit compte qu'au fil des ans, il s'était laissé influencer par un non-conformisme appliqué et conformiste de fait. Il se rendit compte qu'il aimait ce qu'il coyait ne pas aimer et que ces rejets gustatifs et alimentaires étiaent reliés à cerraies personnes qu'il avait crues hostiles ou à certains événements. Il opéra sa métanoïa, tua le vieux pantin qui végétait en lui. Alors, forcément, il devint vrai poète! Pas un poète de distraction ou de divertiissement, mais un du style qui vous fait mal. Enfin, plus que ça, même… Il n’écrivit plus des tartines de poèmes qui ravissent, extasient, du genre anagogique et qu’on se congratule. Devenu lui-même, avec un bon ego, généreux, il se dit : « pas de ça Lisette » ! Il écrivit, heureux ! Il relut ses poèmes : Là, nulle complaisance, nul orietur, conscience à tour de bras, et délicieux supplices d’une faim gigantesque autant que litanique ! Il inventa même, dans le tas du lot, des poèmes irrémédiablement présents, qui, comme l’odeur de la boule puante, se trouvent là, quoi qu’on fasse ! Ou comme le jasmin entêtant qu’on a trop respiré, on en meurt étouffé en d’horribles souffrances. Et aussi d’autres poèmes excitants qui collaient des désirs à jamais inassouvis. Des mots imperturbables, surpeuplant les esprits, farcissant le cœur en saturant les âmes. Des poèmes qui plaisaient aux gens d’amour fervent et ennuyaient à mort les épais ordinaires. D’aucuns l’auraient tué en sortant de l’église. D'autres sont devenus ce qu'ils auraient dû être. Jacob fut augmenté par son patron, peut être parce qu’il souriait, hypocrite et docile, du moins en apparence, puisqu'il revendit pour un prix gigantedsque les secrets d'entreprise au concurrent direct. Il trouva une femme, et même une vraiment vraie, pas comme ces andouilles qu’il ramassait avant, genre régime et salade ou cheveux Oréal parce que même tripette, elles ne le valent pas ! Ils devinrent fervents, ils devinrent injustes, ils s’agitèrent en vain sauf pour rigoler, ils burent des eaux-fortes, se firent passer pour cons afin qu'on les accepte, et pétèrent le dimanche aux déjeuners chiants des deux belles –familles juste avant de faucher trois cuillers en argent (on accuserait à tort, ce con de cousin Jean qui ne mérite même pas la moindre des injustices)… Ils fondèrent une lignée de poètes et de clowns avec par exception, pour meubler le décor, un flic ripoux salaud et un notaire véreux pour faire bonne mesure, ainsi qu’ une pute marrante et un ou deux curés plus obsédés sexuel que Mahomet lui-même… Bref , ce fut le bonheur à la va-comme-je-te-pousse, à la vache-qui-tousse, à la va-de-bon-cœur, à la six-quatre-deux et refais-le-me-le, avec du vol-au-vent, avec du boeuf-carottes du gras-bouble à foison et des je-ne-sais-quoi, des pintades farcies, des verres de zinfandel, de l’amour gratiné et du nanan mignard plein de miam-miam beurré! L’Ange du Bizarre, satisfait du devoir accompli, alla se taper deux ou trois décalitres de genièvre sérieux à l’estaminet du coin de la rue qui tourne. Peut-être se tapa t-il la fameuse serveuse aux tétons énormes, c’est bien son genre à elle aussi ! Et je m'y connais! Alors, l’Action ravie, voyant sa réussite redemanda des baffes pour clapoter en mieux, puis elle enjoignit au Rêve, son cher frère incestueux : - Maintenant, tu me baises, et j’en veux, et j’en veux !
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