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orlando de rudder
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6 janvier 2006

L'éternité par le pot-au-feu?

Voici encore un extrait du livre que je suis en train de corriger... Marmite : Faire bouillir la marmite. « Marmite » est attesté en 1313 en tant qu’adjectif signifiant : « affligé ». Puis "hypocrite" : Les singes sont faux hypocrites Qui font le faux et la marmite. Chrestien Legarais, Fables d’Ovide. Le substantif « marmite » dérive de l’adjectif et remplace les anciens mots désignant l’ustensile que « olla » ou « eule ». L’allusion au singe présumé hypocrite a donné le nom « marmot » (1493), signifiant d’abord singe, puis enfant. Il semblerait que ce pot a couvercle était considéré comme cachottier, puisqu’on en peut pas voir ce qu’il y a dedans : La marmite cache son contenu…Le mot est de la même racine que « marmonner » ou « marmotter », à partir d’un radical « marmouset », qui est encore un singe donnant « mar » ou « marm » auquel on aurait ajouté le suffixe « mitte », ancien nom du chat et origine de « mitaines » et du redondant « chattemite ». Ce fait de cacher les aliments évoque le « pot-au-feu du braconnier » fait d’un lapin de garenne ou d’un lièvre déposé au fond de la marmite, lesté de cailloux, et que l’on fait bouillir dans de l’eau sous les légumes. De telle sorte que le garde-chasse –à condition d’être enrhumé ou pas très malin- ne devinera pas qu’un gibier délictueux est en train de cuire. Voir : Jean-Jacques Brochier, Anthologie du lapin, 1987. Les « petites marmites » étaient la spécialité du restaurant Magny, dans l’actuel VIe. Arrondissement (à l’époque XIe.) de Paris où se réunissaient George Sand, Flaubert, les Goncourt, Balzac, Gautier, Gavarni, Sainte-Beuve, etc. A la même époque, il existait au moins un restaurant à « marmite perpétuelle » . Laissons un expert les évoquer : La marmite perpétuelle est, ou plutôt était, attendu que cette illustre institution gastronomique a cessé de fonctionner depuis longtemps, la marmite perpétuelle était un récipient qui ni jour ni nuit ne quittait le feu, dans lequel on mettait un poulet dès qu’on en retirait un poulet ; un morceau de bœuf dès qu’on en retirait un morceau de bœuf ; un verre d’eau dès qu’on en retirait une tasse de bouillon : toute espèce de viande qui cuisait dans ce bouillon gagnait en sapidité plutôt que d’y perdre, car elle héritait des sucs des viandes qu’avaient laissé dans ce bouillon où elle venait à son tour laisser une partie des siens, les sucs des viandes qui avaient cuit avant elle ; il fallait laisser, dans la marmite éternelle le morceau de viande qu’on y faisait cuire que le temps absolument nécessaire à sa cuisson ; il ne perdait aucune de ses qualités. Alexandre Dumas, Le Grand Dictionnaire de cuisine, 1873. Un souvenir analogue se trouve dans l’ Histoire Comique, d’Anatole France qui évoque un cassoulet qui aurait cuit durant… vingt ans ! : La mère Clémence ajoute de temps en temps de l’oie, du lard, parfois du saucisson ou quelques haricots, mais c’est toujours le même cassoulet. La base demeure, et c’est cette antique et précieuse base qui donne au plat une qualité comparable à ces tons ambrés si particuliers qui caractérisent les chairs dans les oeuvres des vieux maîtres vénitiens. Le cassoulet se cuit dans une marmite spéciale dite « cassole d’Ussel ». Rappelons ici qu’Anatole France mit la dernière main au manuscrit du Grand Dictionnaire de Cuisine d’Alexandre Dumas, car ce dernier mourut avant la parution de cet ouvrage. Une marmite est aussi une prostituée en argot qui la fait bien bouillir et nourrit ainsi son proxénète. Ce mot rejoint évidemment les nombreux autres, plutôt péjoratifs, voire odieux, désignant une femme assimilée à un récipient : une sauteuse est parfois une cocotte, si elle n’est ni trop cruche, ni trop gourde ! Le tout est, évidemment, qu’elle passe à la casserole, contre rétribution, pour qu’on la considère comme une bonne marmite ! Il est nécessaire qu’elle « aille aux asperges » pour que son maquereau puisse » faire son beurre » et, pour cela, « aller aux épinards » ! Et se fasse du blé ou de l’oseille.
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