La daube de bananes

C'est en goûtant un très vieux rhum, que ce souvenir m'est revenu. C'était il ya... longtemps. ET l'une de mes amies, disons même un amour. Enfin presque...Ce fut court, mais bref: d'un commun accord, il s'est agi d'une aventure... MAis une aventure qui, pour moi, laisse en mon vieux coeur fatigué l'infinie douceur d'une nostalgie mi-figue, mi raisin... Une de mes amies, disais-je, préparait la toute simple et succulente daube de bananes... Voilà un dessert fleurant bon les anciennes colonies! (La colonisation a, rappelons le, a eu des conséquence extrêmement positives et procuré d'immenses bienfaits... aux colons!) . Il n'y a rien de plus simple: on prépare un vin chaud, très épicé (ne pas oublier un peu de poivre gris). On y ajoute un petit verrre de rhum, un peu de fleur d'oranger. On y fait dissoudre six feuilles de gélatine par litre. Et l'on verse dans une terrine préalablement remplie de bananes en rondelles. On laisse prendre dans un moule à cake; ou encore dans un moule plus joli... Et cela se sert très froid, en été... Mais aussi en hiver, en fin de repas copieux: c'est léger, sans façon, facile à faire. De plus, la couleur rouge du vin est fort appétissante. J'ai adapté cette recette à la façon boréale en faisant prendre ainsi une salade de fruits d'hiver (pommes, bananes, oranges, abricots secs, raisins secs, dés de betterave, dés de pain d'épice, de panais) dans une bière brune de table non dénuée de gingembre et de cardamome ajoutées avec une inflexibilité minimaliste, mais efficace... Ces petits plaisirs sont parfois mordant, lorsqu'ils se mêlent à la nostalgi douce-amère, le rappel insidieux de ce qui aurait pu être, et qui ne fut pas! "oh la la, que d'amour splendides j'ai rêvées"... Fin des béatitudes attendries d'un vieux con savourant sa propre mémoire, avec une complaisance éhontée!