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orlando de rudder
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5 décembre 2005

MArguerite Duras, Tintin, Blondin, Nimier

Toujours mes souvenirs d'enfance qui ne sont pas édités....: Marguerite Duras séjourna plusieurs fois chez nous, au Pierredon. Un jour, elle me conduisit chez le dentiste, en ville, à Saint-Tropez. Ce praticien possédait encore une roulette à pédale. Le cabinet, fort sale me répugnait autant qu’il m’effrayait. Quant au bonhomme, il ricanait, chafouin. Je sortis du rendez-vous saignant, endolori. Marguerite, désolée, désemparée, m’embrassa, me parla, me consola. Puis elle me conduisit à la librairie. Elle pensa qu’un livre m’apaiserait. Je choisis Tintin en Amérique. Tintin me plaît toujours. Par son étrange parcours . L’Hergé proche de l’extrême droite, au début, découvre les limites de la Révolution dans Tintin et les Picaros. Hergé, naïf roué, évolue sans cesse projetant son journal intime en récits extérieurs, racontant métaphoriquement ses “cas de conscience”. Le cadeau de Marguerite fut le point de départ d’un émerveillement. Le Monde de Tintin ne me quitta plus. À cette époque, Gérard Jarlot, journaliste, technicien de l’écriture, collaborait avec Duras au scénario d’Une Aussi Longue absence, film tiré d’un fait divers réalisé en 1961 par Henri Colpi. Ce film raconte le retour d’un prisonnier de guerre, un clochard amnésique. Une femme le rencontre et croit reconnaître son mari disparu. Il m’évoqua la chanson Brave Marin revient de guerre.. Nous la beuglions en choeur à l’école. Le film me fit pleurer. Comme la chanson. À tel point que je ne pouvais pas la chanter. Aussi, le professeur de musique, voyant mon émotion, accepta que je me taise, que je me place à l’écart, tandis que toute la classe l’entonnait. Pour Duras, il paraît que Jarlot représentait “ l’homme menti” de La Vie Matérielle. Elle lui en voulut beaucoup, disant qu’il l’avait fait souffrir. Gérard qui obtint le Prix Médicis en Pour Un Chat qui Aboie souffrait d’une maladie cardiaque qui l’emporta, longtemps plus tard, tandis qu’il vervignolait l’épouse d’un célèbre présentateur de télévision… Pour moi, il demeure ce personnage gai qui nous faisait rire par ses histoires d’enfance, qu’il rendait comiques en nous assénant un accent stéphanois du plus bel effet. C’est aussi à Marguerite, mais indirectement, que je dois une grande découverte. L’affaire se déroula à Neauphles-le-Château, dans sa maison merveilleuse et maintenant célèbre. Durant je ne sais quelles vacances anciennes, je jouais avec Outa, son fils . Dyonis Mascolo et Marguerite attablés, travaillaient. Gamins désoeuvrés, nous errions dans le jardin. Outa évoqua la possibilité d’acheter des bonbons. Mais comment faire, sans argent? Outa s’empara du sac de sa mère et puisa tranquillement dans le porte-monnaie. Nous allâmes dans le village, pour nous empiffrer de sucreries et achetâmes aussi deux pistolets à bouchons détonants. J’ai trouvé l’idée épatante et en fit mon profit, décidant de pêcher dans le sac de Germaine, ce qui m’attira quelques déboires lorsqu’elle s’en aperçut. L’intervention d’Outa ne fit certainement que devancer ma pratique. Je pense avoir été un peu plus attardé que lui. Nul doute que j’aurais trouvé ce procédé tout seul, un peu plus tard… Quand j’accompagnais Marguerite à Saint-Tropez, elle achetait des journaux blancs. Il s’appelaient l’Observateur, ou l’Express. La censure venait d’agir: on muselait toute publication d’opposition. Dès lors, la une, ou l’intérieur, comprenaient de grands espaces vides Ces journaux défectueux, ou plutôt censurés indignaient tout le monde. Les grands hommes du moment, comme mon cher Claude Bourdet tâchaient de s’exprimer à propos des hontes algériennes. “On” les en empêchait. “On” préférait imprimer librement d’ignobles appels au meurtre. Marguerite m’offrait un Coca au Café de Paris, à l’ombre de la statue de Suffren. Je sirotais, pendant qu’elle lisait ce qu’il restait des journaux blessés. Puis elle tâchait, lentement de m’expliquer la situation… Je n’y comprenais pas grand-chose. Soustelle, avec sa bouille rondouillarde me paraissait plutôt sympathique. De Gaulle m’impressionnait tandis que la barbe de Messali-Hadj me glaçait. Plus tard, Marguerite s’enticha d’un personnage pour le moins répugnant qu’elle présenta à Germaine. Il s’agissait de Figon, l’un des participants les moins propres de l’affaire Ben Barka. Et, Marguerite, qui militait contre l’occupation de l’Algérie, le trouvait épatant. Germaine le reçut donc. Figon, comme tant d’arsouilles, se rengorgea. Il joua son rôle fort complaisamment. Il déclara n’avoir aucun sentiment, aucune moralité, Après quoi il précisa d’une façon convainquante que s’il apprenait la présence de beaucoup d’argent dans la maison, il n’hésiterait pas à nous tuer tous pour s’en emparer. En réponse au Manifeste des 121 dénonçant les horreurs d’Algérie, et signé par Duras, un Manifeste des Intellectuels Français vit le jour. Ce texte vilipendait les “empoisonneurs de la conscience nationale”, accusaient les signataires du Manifeste des 121 d’être au service de L’U.R.S.S., de constituer une “Cinquième Colonne” dont le but avoué consistait à “mutiler le territoire” Signé entre autres par Michel Déon et Jacques Laurent, le Manifeste des Intellectuels Français le fut aussi par Antoine Blondin et par Roger Nimier. Tous deux allaient devenir des familiers de notre maison. Ce fut évidemment après la brouille de Germaine et de Marguerite Duras. Nimier alla plus loin dans l’engagement politique, puisqu’il servit de boîte aux lettre au Capitaine Sergent, terrifiant séide de l’O.A.S. et représentant toute l’horreur bien pensante de ce mouvement d’assassins. On parlait peu de politique à l’École Saint-Sulpice, du moins pas ouvertement. Mais je sentais le malaise, celui d’une époque: Un petit homme modeste enseignait les mathématiques. De minces rubans colorés bariolaient le revers de son veston. Qui donc lui demanda pourquoi? toujours est-il que le brave homme, véritable héros de la Résistance nous expliqua la raison pour laquelle il portait ses décorations: - Nous ne sommes pas rancuniers, assura t-il, nous avons sauvé des juifs.
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Commentaires
O
Oui, j'ai connu Gérard Jarlot et croisé, rarement hélas, sa fille Flore. MAis que vus dire?J'étais bien jeune et je me souviens d'un homme tendre qui nous faisait rire en racontant des histoires irrésistibles avec un accent stéphanois bien exagéré qu'il rendait extrêmement comique. C'était un pro de l'écriture et il a fait le "nègre" pur beaucoup de gens... Mon pèe et ma mère l'aimaient beaucoup et il s'entendait merveilleusement avec ma grand-mère. Il venait souvent à la maison... Dommage qu'il n'aipas plus écrit.JE veux dire: sus son nom. Un chat qu aboie est un grand livre!
A
bonjour, je suis la petite fille de Gérard Jarlot, j'ai vu en lisant votre texte que vous aviez l'air de le connaitre.Je ne l'ai pas connu, il est mort bien avant ma naissance. J'aimerais prendre contact avec vous,peut etre pourriez vous me permettre de connaitre ansi ce grand-père si mystérieux à mes yeux.....répondez vite sur mon mail svp. je vous remercie
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