24 novembre 2005
Julien gracq, Nora Mitrani
Julien Gracq demeurait dans le septième arrondissement, autant dire à l’étranger. Il m’offrit un jour un stylo pour mon anniversaire. Lorsque j'ai publié mon premier roman, je le lui ai envoyé avec la dédicace: "vous m'offrîtes un stylo, jadis. J'en ai fais usage.Tant pis pour vous"
Fidèle en amitié à l’enfant que je fus, il m’a écrit depuis d’admirables lettres, de son écriture fine et appliquée, analysant scrupuleusement chacun de mes livres, m’encourageant. La femme de sa vie, Nora Mitrani, fut la meilleure amie de Françoise. Nora (1921-1961), soeur de Michel Mitrani (qui réalisa en 1979 Un Balcon en Forêt, d’après l’ouvrage de Julien Gracq) fut une femme fascinante, au regard extraordinaire…
Ancienne compagne d’Hans Bellmer, Nora sociologue, chercheuse au C.N.R.S. fut souvent son modèle. Aussi éprouvé-je parfois quelque perplexité en la découvrant sur telle ou telle gravure: écartelée, pénétrée, dédoublée, actrice morcelée de mises en scènes érotiques. Nora se passionnait, comme Bellmer, comme la future compagne de ce dernier, Unica Zürn, pour les anagrammes. On peut se souvenir de la torrentielle série des "rose au coeur violet": “Se vouer à toi, ô, cruel. À toi, couleuvre rose. Ô vouloir être cause. Écolier vous a outré”, etc… Méthodique, elle s’en faisait une rigueur vitale, l’affirmant ainsi:
L’anagramme naît d’un conflit violent et paradoxal. Elle suppose une tension maximale de la volonté imaginative et à la fois l’exclusion de toute situation préconçue parce qu’elle serait stérile.
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