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orlando de rudder
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19 octobre 2005

MArie-LAure Dagoit

MArie-LAure Dagoit est, à mon sens un auteur sous-estimé. Aussi je vous donne ici trois extraits de son interview dans le MAtricule des Anges (MAi 2001), revue littéraire vraiment rigoureuse, et peut-être la seulme de vraie qualité. Elel parle beaucoup des auteurs ignirés par les autres, de ceux qui font vraiment de la littérature, loin des tapages médiatoiques et des "major companies" de l'édition: On se souvient des débuts de Marie-Laure Dagoit dans l'édition. Au sein de Cahiers de nuit, elle publiait de courts textes érotiques qu'elle signait pour la plupart et qu'on pouvait se procurer contre argent ou contre une paire de bas résille taille 2 pour habiller ses jambes photographiées dans les livres (cf. LMdA N°14). La Machine à écrire n'obéit plus, dont les éditions Al Dante publient aujourd'hui la version augmentée, était déjà au catalogue. Sur le modèle du cahier de l'élève, avec des exercices grammaticaux du type "le texte ci-dessous a été écrit sans ponctuation, retrouve-là", l'auteur décline une série de poèmes polissons ou extravagants, qui obéissent avec délice aux lois de dérèglement de la langue française. (...) Un de ses livres les plus poignants est Et les lèvres, et la bouche! Une sorte de poème lyrique sur un sujet sordide, d'une rare beauté. Voici ce qui en est dit dans la même revue: Et puis, il y a ce quatrième livre, Et les lèvres et la bouche, récit haletant d'un viol collectif du point de vue de la victime, qui détone d'abord dans ce florilège mais en définitive n'est que l'accentuation outrée d'une révolte, plus ténue dans les précédents livres parce qu'enrobée de polissonneries. Derrière l'imaginaire érotique de Marie-Laure Dagoit, se tient tapie, mais prête à bondir, une foule de démons, d'assez mauvaise augure. Avec pudeur, distance et humour, l'auteur a répondu par email à nos questions. (...) MArie LAure Dagoit dit: J'écris à partir de manuels scolaires datés des années 60. Or, ces manuels proposent une règle à laquelle il est obligatoire de se plier. Il est étonnant que vous me parliez de désobéissance alors que le modèle dont je m'inspire parle d'obéissance. Je ne fais que continuer certaines images et certaines phrases de la même façon que le ferait un écolier qui s'ennuie sur son banc d'école. Alors, oui effectivement il y a désobéissance. La transgression du mauvais élève. Je mérite donc d'être punie très sévèrement et d'aller dans le coin. Le coin : le lieu de toutes les rêveries. Un mauvais élève plutôt précoce en matière de fantasmes sexuels. Avant de réécrire les manuels scolaires, vous écrivez des textes érotiques... Pour faire rêver? On peut très bien imaginer rencontrer dans mes livres des femmes en jupon, en corset, perdues dans les draps ou ensevelies sous le sperme, attachées à des cordes comme du bétail. Quelques hommes suffiront à faire le reste. Des filles se touchent et le chien dort sous une table. Le rose monte aux joues, les étoiles tombent du sapin, il n'y a pas d'heure pour être fessée, les garces sont stockées dans des hangars, mon lit est une scène en représentation permanente, des larmes roulent jusqu'aux lèvres où le rouge est rouge et brillant, les baisers y sont onctueux et salés. Tout cela est vrai, ce qui laisse à mes jeux un aspect d'infini. Un lecteur m'a écrit s'être masturbé en me lisant. J'étais étonnée et séduite, car je n'avais pas pris en considération que cela pouvait arriver... Cette Marie-Laure dont il est question dans l'exercice N°11 de La Machine à écrire n'obéit plus, serait-ce vous? Vous mêlez avec allégresse fiction et réalité. N'avez-vous aucune crainte quant à votre image? "Même si c'est faux, c'est vrai" de Henri Michaux. C'est une de mes phrases préférées. Les guirlandes, les bougies, les couleurs, les bas, les étoiles, les hommes qui se branlent, tout est moi. Je mets ma vie en scène, quelque soit mon âge (il varie dans mes textes de 6 à 31 ans). C'est un peu un double avec lequel je joue, qui m'a vue tour à tour petite fille et femme. Légère ou humiliée je donne le meilleur de moi-même. Je ne me sens pas très nette là-dessus. Dans l'écriture, mais aussi dans le réel ; je prends la pose devant la glace pour faire l'inventaire. Je sais écouter, humer une ambiance et surtout regarder. Ce que j'écris c'est aux autres que je le dois. Un jour, une fille m'a prise à part, dans un couloir, pour m'apprendre à embrasser les garçons, je m'en souviendrai toute ma vie. Le journaliste ajoute: Avec Et les lèvres et la bouche, on change de registre. Il n'y a pas que de la légèreté dans vos livres. Vrai ou faux, comment vous est venue l'idée d'un tel livre? M%arie-LAure Dagoit Répond: Un soir de 31 décembre à l'heure de la fête, des confettis et du champagne; on se retrouve parfois plus impliquée qu'il ne le faudrait. J'avais envie de prendre à mon compte, le temps d'un texte, la ritournelle si chère à Christophe Fiat (qui signe d'ailleurs une postface dans ce livre), et d'y coller mon univers. Ici, la narratrice ne bat pas de la paupière, le lit est remplacé par une plage, les coups font place aux caresses. Ni jugement, ni plainte, juste vivante mais morte. Écrire, c'est se remplir constamment de quelqu'un d'autre : "Je suis un mensonge qui dit la vérité", disait Cocteau. Aujourd'hui cet autre est cruel et noir, mais demain ? Il me semble que l'important c'est ce que je cache, pas ce que je montre. Et enfin: Question: Et les lèvres et la bouche est une sombre, terrible ritournelle. Pourtant, vous en parlez comme d'un exercice de style. Est-ce là tout? A Réponse: ujourd'hui, mon rouge à lèvres est couleur framboise. N'est-ce pas le plus important? Un livre surprenant, en tout cas, et beau. C'est rare....Et sans complaisance! Marie-LAure Dagoit mérite mieux que sa petite renommée! Lisez-là!
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